mardi 17 avril 2012

Carlos Gomes Junior trahi par l’Angola


Le énième coup d’état que vient de connaitre la Guinée-Bissau, l’un des pays les plus pauvres de l’Afrique de l’ouest, est encore une conséquence de la diplomatie désastreuse de l’Angola. En effet, les putschistes ont justifié leur acte, en disant vouloir dénoncer l'existence d'un accord secret entre les autorités et l'Angola. Un texte qui, selon eux, voulait légitimer la présence de troupes angolaises (Missang) en Guinée-Bissau, pour protéger le gouvernement en cas de crise. Ce putsch est le résultat de plusieurs semaines de tensions entre le chef de l'Etat Bissau-Guinéen (Carlos Gomes), le président par intérim(Pereira) et Luanda, d’un côté, l’armée de la Guinée-Bissau de l’autre côté.
L’état-major de l'armée, pour exiger le départ de la mission militaire angolaise en Guinée-Bissau, avait commencé à multiplier des discours musclés (y compris des menaces physiques voilées) envers le contingent angolais une semaine avant le putsch.

Les troupes angolaises de la Missang.
Mise sur pied en mars 2011, la Missang compte environ deux cents éléments, et a débarqué en octobre des équipements militaires sophistiqués, dont des chars et des hélicoptères de combats. L'armée, qui se plaint d’être sous-équipée, accuse le gouvernement de se doter, grâce au contingent angolais, d'une force de protection en cas de crise.

Luanda cède face aux menaces

Toutefois, la surprise est venue de Luanda, qui a décidé contre toute attente de retirer son contingent et l’aide financière (un investissement de près de 300 millions de dollars). L’annonce du retrait du contingent, fait par le ministre angolais des Affaires étrangères, est apparue aux yeux des militaires bissau-guinéens comme un signe de faiblesse. Luanda ne devrait pas donc bouger un doigt pour soutenir Carlos Gomes junior.
Cette malheureuse décision diplomatique angolaise, qui lâche son allie politique, a conduit au coup d’état, a l’arrêt de l’ordre constitutionnel a Bissau et peut être même a la liquidation physique du premier ministre et du président par intérim.

Qu’est ce qui a pu motiver le revirement de Luanda ?

Le président angolais Eduardo Dos Santos a commis une erreur capitale dans la crise politique en Guinée-Bissau.

Deux possibles raisons :

1.       L’hostilité et la sensibilité de la population bissau-guinéenne quant à l’ingérence étrangère dans les affaires de leur pays.
En effet, l’intervention des troupes du Sénégal et de la Guinée-Conakry, pour soutenir l’ancien président Nino Vera en 1998-99, avait fait pencher la sympathie de la population pour les insurges anti-Vera.

Soldat Bissau-Guinéen
2.       La témérité de l’armée bissau-guinéenne et  le risque de l’enlisement.

L’armée bissau-guinéenne est réputée comme une armée aguerrie. Elle est sortie victorieuse contre l’armée portugaise (1963-1974) et contre les armées du Sénégal et de la Guinée Conakry (1998-99).

Les soldats de la Guinée-Bissau.
L’armée angolaise est aussi l’une des plus fortes et les mieux aguerries du continent. Mais elle n’est pas encore rendue à l’étape organisationnelle de se déployer très loin de ses frontières comme sa tutrice de Cuba.

L’armée cubaine a fourni aux militaires angolais une logistique technique et militaire très importante.

D’ailleurs en Afrique, à l’exception de l’Afrique du sud, l’Egypte et le Maroc, aucun pays ne peut envoyer des milliers d’hommes outre-mer pour combattre, sans risques d’encaisser une cuisante raclée.

Un soldat angolais pendant la CAN 2010.
Au président angolais Dos Santos, nous comprenons bien sa volonté de hisser l’Angola au rang de superpuissance, tel que l’impose ses immenses ressources pétrolières. Mais il devrait savoir que la politique c’est comme un jeu d’échec. Quand tu n’es pas certain, tu ne t’engages pas. Si tu le fais, mais vas-y jusqu’à la fin de la partie.