lundi 12 décembre 2011

Le retour à la source du peintre congolais Elsie Mafouta


Le vernissage débuté le 3 décembre se poursuivra jusqu’au 18 décembre dans le hall de l’hôtel Azur international de Pointe-Noire.
Elsie Fortunat Mafouta est arrivé dans le monde de la peinture par passion. Très jeune, il est attiré par l’art pictural. Parti du pays très tôt en 1986, pour Cuba, il y poursuit ses études tout en développant ses aptitudes en dessin. El Cubano, qui l’a côtoyé de très près pendant cette période, déclarera « Elsie avait l’art du pinceau et du crayon dans ses gênes. Il pouvait reproduire n’importe quel objet qu’il voyait en quelques minutes. »
Elsie Fortunat Mafouta
El Cubano ajoute « Je me souviendrai toujours de l’aide qu’il m’apportait dans le cours du dessein technique, un cours qui permet aux apprenants d’étudier, de représenter et de construire tout matériel technique. »

Quelques années plus tard, Elsie Mafouta fait ses premiers pas dans l’exposition au Centre Victoria de La Havane.
Elsie Mafouta est un artiste talentueux qui puise sa réflexion dans l’expressionnisme. Son style, tout en restant très personnel, s’inscrit résolument dans le courant culturel de l’expression Kongo. "Grâce à elles, j’exprime mes émotions et je communique mon intérêt pour le vécu quotidien à travers des représentations thématiques telles que la femme africaine, la faune ou le milieu ambiant ", explique-t-il aux Dépêches de Brazzaville.

Il utilise souvent pour ses tableaux des peintures acryliques et à l’huile aux couleurs vives, ainsi que ses propres cocktails comme du café mélangé à de l’huile de lin. "Les couleurs constituent ma caractéristique identitaire". Son œuvre pleine de naturalisme, est inspirée par l'impressionnisme.


Actuellement résident à Cotonou, au Bénin, Elsie Fortunat Mafouta ne compte plus les expositions auxquelles il a participé. En 2008, il était présent au Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou.
En 2009, il a exposé au Centre culturel africain de Cotonou sans oublier l’exposition organisée à Mindello au Cap-Vert, le premier Congolais à présenter ses toiles dans cet archipel de la côte occidentale africaine.


Il a également récemment exposé au Brésil. Formateur en arts plastiques, il anime des ateliers en Afrique de l’Ouest dans lesquels il partage son savoir.
À terme, il veut par son art et sa peinture faire connaître le Congo aux quatre coins du monde, et rêve de créer un centre d’art de renommée internationale.
À la faveur de son séjour au Congo, Elsie Fortunat Mafouta veut nouer des relations avec les artistes peintres établis au pays, mais aussi avec les opérateurs culturels et les pouvoirs publics pour une revalorisation de l’art congolais.
Le connaissant personnellement, je peux témoigner du parcours du combattant que cet homme a fait pour pouvoir faire de sa passion son gagne-pain. Tout cela est dû au simple fait que l’État congolais ne crée pas les conditions idoines pour l’éclosion du talent local. Ceux qui arrivent à percer par leur propre moyen, ne le doivent que grâce à leur talent naturel, la persévérance et aussi le coup de la chance, comme dans le cas du basketteur international, devenu Espagnol, Serge Ibaka. C’est un garçon qui a fait ses débuts de carrière dans un pays où il n’existe pratiquement pas d’infrastructure pour la pratique du basketball, avant de devenir une star de la NBA.
Pour pallier à cette faiblesse organisationnelle dans le développement du talent local, le gouvernement congolais devrait procéder à une profonde réforme du système scolaire. Par exemple, pour les cas de l’art il faudrait donner très tôt aux enfants la possibilité de développer le talent en art plastique, en musique et dans les danses.
Le cours du dessin technique devrait se donner dès le CP1 à l’école primaire jusqu’au secondaire (exemple du Canada) et le lycée comme dans le système cubain. De sorte qu’après 13 ans de cours de dessin technique obligatoire, les élèves acquièrent les notions techniques pour avoir des repères visuels assez évolués.
L’utilité du dessin technique est dans l’expression indispensable et universelle de tous les techniciens. C’est lui qui permet de transmettre à tous les services de production la pensée technique et les impératifs de fabrication qui lui sont liés.
Aujourd’hui au Congo, on se rend compte que les artisans font un travail de qualité médiocre. Les maisons sont mal construites, les clôtures et les trottoirs sont mal alignés, bref c’est le bordel. Tout cela arrive à cause des lacunes techniques de base dans les mesures effectuées par les ouvriers, sauf quand ils sont assistés par les Chinois.

Le cours de musique aussi devrait être obligatoire dans le cycle primaire congolais comme à Cuba ou au Canada. À chaque année on apprend aux enfants à jouer un instrument de musique, en plus des notes musicales. Les débutants et CP2, par exemple, apprennent la flute, le CE1 le tam-tam, CM1 la guitare et ainsi de suite. Au secondaire on reprend le cycle d’apprentissage des instruments afin d’assurer une révision générale. Après le secondaire, ceux qui veulent en faire une passion auront des précieux outils dans leurs mains gagner la vie avec.


Le but n’est pas d’en faire tous des artistes obligatoirement. Mais on veut quand même développer l’esprit créatif et imaginatif des élèves, dans l’espoir que les plus brillants et les plus passionnés formeront l’élite artistique du pays. Pour les autres, ces cours de base leur auront appris quelque chose d’inoubliable.

Au Canada, on favorice l'accès à la musique aux élèves du primaire.
Favoriser l’accès à la musique et l’art plastique dans les écoles publiques est quelque chose que l’État Congolais peut bien faire s’il en a la volonté. Le ministère de l’enseignement pourrait s’associer avec celui de la culture pour financer un tel programme scolaire. Son intervention sera également orientée vers le public étudiant souhaitant poursuivre des études instrumentales au niveau du cycle professionnel des écoles d’art.

La culture c’est ce qui fait l’humain.