lundi 25 janvier 2016

La Journée Internationale du sport féminin est inexistante au Congo-Brazzaville.


Pendant que le monde entier célèbre le 24 janvier comme la journée internationale du sport féminin, Au Congo-Brazzaville les femmes trainent dans les églises évangéliques, dans les veillées funèbres ou encore dans les débits de boissons alcoolisés pour les plus jeunes.

Cette journée, qui est une réflexion du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel de France), a été créée pour corriger les problèmes de la sous-médiatisation du sport féminin dans le monde.

Le gymnasse de Talangaï, lors des Jeux de Brazzaville 2015.
A l’occasion de cette journée, la majorité des gouvernements responsables ont décidé d’organiser des actions et manifestations, notamment par le mouvement sportif, afin de mieux faire connaître l’univers du sport féminin, ses pratiquantes, ses athlètes de haut niveau, mais aussi présenter les possibilités offertes aux femmes pour pratiquer ou s’inscrire à un club sportif, à travers l’éventail des disciplines et des installations sportives existantes.

Le gymnase du stade Massamba Débat à Brazzaville.
Courtoise des Depêches de Brazzaville.
Cependant, au Congo-Brazzaville, les autorités et les citoyens ordinaires n’ont qu’un concept très éphémère du sport féminin. Pour le Congolais typique, la femme n’est bonne qu’à offrir ce qu’elle a de mieux. Pourtant ce ne sont pas les infrastructures sportives qui nous manquent au Congo. 

Le complexe nautique de Kintélé a accueilli les Jeux Africains 2015
Le pays vient d’obtenir une notre très satisfaisante en matière d’infrastructure sportives visant à accueillir les derniers Jeux Africains de 2015. De l’avis des experts, le Congo est devenu le seul pays d’Afrique noire capable de rivaliser avec les pays de l’Afrique du Nord et l’Afrique du sud en matière d’organisation des grands évènements sportifs.

Le nouveau stade de Kintélé
En dehors des sites pour les Jeux Africains 2015, il y’existe déjà un programme ambitieux et efficace depuis 10 ans, qui est celui de doter les départements du pays de bonnes infrastructures sportives. Ainsi, depuis 2006 plusieurs stades multidisciplinaires ont été construits à Dolisie, Owando, Kinkala, Ouesso entre autres…
Victoire Mfoumouangana, l'un des espoirs du tennis congolais.
  
Courtoisie du journal InfoNet
Certes, il reste encore beaucoup à faire en matière d’infrastructures sportives pour les sports de masse comme les gymnases publiques et privés, les piscines municipales et les pistes cyclables, mais en sens général il ne manque pas d’infrastructures sportives au Congo pour impulser le programme sportif féminin.

Qu’est ce qui explique alors la détérioration actuelle du sport féminin congolais?


Des résultats sportifs médiocres des athlètes féminins.

 
Le football féminin est resté inactif au Congo depuis 7 ans.
Depuis quelques années, le sport féminin congolais ne cesse de couler de mal en pire. Tous les indicatifs sont en rouge, en commençant par le handball, qui était pourtant la fierté du sport congolais des années 80. La qualité du handball congolais est dans une courbe descendante vertigineuse incroyable.

Lors des Jeux Africains 2015 à domicile, qui l’aurait cru que le Congo pouvait sortir bredouille au handball féminin?

Le handball féminin congolais a perdu beaucoup de puissance et de vivacité.
Dans l’autre discipline populaire qui est le football, là-bas aussi c’est la dégringolade. La prometteuse sélection des diables-rouges n’avaient plus joué un seul match de football depuis la CAN 2009. Pour l’occasion des Jeux Africains 2015, le ministre des sports et la Fecofoot ont rapidement bricolé une sélection féminine, sans préparation ni les moyens logistiques nécessaires pour une participation décente.

Dans toutes les disciplines organisées lors des Jeux de Brazzaville 2015, seules deux athlètes congolaises ont essayé de sauver la face avec des médailles de bronze. Il s’agit de Grace Denga au tennis simple et de Nina Youlou au karaté (+68 kg).

Grâce Denga a occupé la 3e place lors des championnats africains de 2014.
Toujours en tennis, mais cette fois-ci en équipe, le Congo a décroché la médaille d’argent grâce à sa prometteuse équipe de la diaspora composée par la terrible Grâce Denga, Annabelle Ossombi  et les puissantes sœurs Mfoumouangana(Victoire et Gloire).

Après il y’a eu l’équipe des « mercenaires » chinoises habituelles qui ont collaboré pour offrir au Congo trois médailles d’Or et deux médailles de bronze au tennis de table. Dans cette corvée de médailles, ce sont les pongistes Xing Han et Yuheng Li qui ont hissé haut le drapeau congolais.

Pourquoi tricher en recrutant des chinoises lorsque nos filles ont déjà démontré par le passé qu’elles ont le talent intrinsèque gagnant pour défendre les couleurs du pays?

Grâce Denga est une binationale résidant en France. Médaillée de bronze en tennis simple lors des Jeux Africains 2015.
Les chinois nous prêtent de l’argent, ils construisent nos stades, nos routes et ils envoient aussi leurs femmes pour défendre les couleurs à la places des Congolaises qui chauffent les bancs des églises évangéliques partout dans le monde.

Voir des Chinoises défendre les couleurs du Congo ne pose aucun problème, tant aussi longtemps que des athlètes congolaises les accompagnent en équipe. Les Congolaises doivent aussi jouer et apprendre le rythme de jeu accéléré avec les Chinoises et non croiser les bras et regarder les autres faire.

Victoire Mfoumouangana, 25 ans, figure dans le Top-40 du tennis français.Courtoise des Depêches de Brazzaville.
M. Hendri Djombo, le président de la fédération congolaise du tennis de table, avaient déjà commencé à réfléchir à l’après Chine en plaçant les pongistes congolais en formation d’une année dans ce pays en vue des Jeux Africains. Mais pendant les Jeux, beaucoup d’entre eux  n’étaient pas à leur hauteur de la compétition.

Anabelle Ossombi, 19 ans, binationale résidant en Ukraine.
Il faut le dire sans paraboles, le principal responsable de cette détérioration du sport féminin est le ministère des sports, plus précisément le ministre Léon Alfred Opimbat. En effet, le ministre Opimbat est devenu le « Monsieur Diable-Rouge Football » du Congo, au lieu d’être le ministre des sports.

La congolaise d'origine chinoise, Xing Han(25 ans), médaillée d'Or aux Jeux Africains 2015.
Il y’a quelques jours, les médias congolais étaient tous invités à la cérémonie de la signature du contrat du nouveau sélectionneur, le français Pierre Lechantre, qui va remplacer Claude Leroy. C’est le Dr. Opimbat qui était à la fois le maître de la cérémonie et le signataire du contrat de la partie congolaise, faisant de l'ombre au président de la fédération congolaise de football Jean Michel Mbono.

La puissante Gloire Mfoumouangana, double médaillée d'argent lors des Jeux Africains 2015.

Pendant ce temps, personne de la presse locale, présente sur les lieux, n' a eu l'imagination ni le courage de demander au ministre qu’en est-il de la sélection féminine de football?

Les filles n’ont pas pu prendre part ni aux éliminatoires des Jeux Olympique 2016, ni à celles de la CAN 2016. Cela témoigne combien de fois la classe politique et dirigeante du Congo-Brazzaville est en panne de leadership.

Un ministre des sports, premièrement, doit être quelqu’un de compétent et d’investi pour toutes les disciplines sportives et non seulement pour une discipline en particulier. Un ministre n’est pas un expert mais doit savoir solliciter l’expertise au sein  des personnes compétentes de la matière.

Vidéo des entrainements d'Anabelle Ossombi

La journée internationale du sport féminin à l’avantage de donner un peu plus de visibilité à ces braves femmes qui ont accepté de faire des sports leur carrière professionnelle. On ne peut que regretter le peu d’intérêt pour cette cause et l’absence de volonté politique congolaise, quasi générale, de donner une place équivalente à la femme dans notre société. C’est dommage parce que c’est un précieux capital gaspillé pour le Congo, quand on connait la valeur de nos femmes.

Avec plus de 30 ans au pouvoir, le président Sassou n’a pas encore compris le proverbe africain qui dit: C’est la femme qui fait l’homme.