mercredi 21 décembre 2011

Angola : l’offre d’aide au Portugal est une farce


La roue tourne. Entre le Portugal et son ancienne colonie l'Angola, c'est le monde à l'envers. Pedro Passos Coelho, Premier ministre portugais dans ses petits souliers face à Jose Eduardo Dos Santos, président angolais, la scène avait quelque chose de pathétique jeudi dernier au palais présidentiel angolais. Le Portugais était venu demander l’aide de l’Angolais.

L’ancien colonisateur tendait la sébile à l’ancien colonisé. « Le capital angolais est le bienvenu » a expliqué Pedro Passos Coelho à la presse. « L’Angola est prêt à aider le Portugal face à la crise financière » a rétorqué Eduardo Dos Santos, magnanime. Tout était dit en quelques mots.
Le Portugal est en crise. La rigueur s'abat sur ses habitants et le gouvernement se demande où il va trouver les moyens financiers pour relancer la machine économique.
Nouveau stade de Luanda, construit pour la CAN 2010
Eh bien, c'est tout trouvé. Son ancienne colonie, l'Angola, est prête à venir en aide à l'ancienne métropole. Quand on compare les chiffres, on comprend vite l'intérêt des deux pays à collaborer. Le taux de croissance de l'Angola est de 12% alors que le Portugal connait la récession, autrement dit, une croissance négative.

Comment expliquer ce retournement de situation entre un pays européen dit riche et un pays africain potentiellement riche, mais dont la grande majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté?

Nous pensons qu’il y’a quatre raisons qui justifient cela :

Les relations historiques

C’est la raison officielle que le président Angolais Dos Santos a trouvé pour apaiser les inquiétudes de son peuple appauvri. «Les bonnes relations qui existent entre l'Angola et le Portugal, sont basées non seulement sur des intérêts de circonstances mais aussi sur des liens historiques». Fait valoir José Eduardo Dos Santos. En effet, l’Angola est une ancienne colonie portugaise.
L’amour de l’esclave pour son bourreau
Bien souvent l’opprimé a tendance à prendre cause pour son bourreau. On l’a souvent vu en Afrique du sud, pendant l’Apartheid, où des femmes noires qui ont eu des relations conjugales avec l’oppresseur blanc s’en vantaient et prenaient cause pour ces derniers. C’est aussi une façon de se donner de l’importance face à ses consanguins.
Je te hais, je t’aime
Aussi paradoxale que cela puisse paraitre, l’amour et la haine sont deux paramètres étroitement liés. À force d’haïr son adversaire, on finit par l’aimer progressivement. Tout comme lorsque l’on aime quelqu’un excessivement, la jalousie et la haine prend de la place chez certaines personnes, si la personne aimée leur accorde peu d’importance.
Dans le cas de l’Angola et du Portugal c’est bien simple : au temps de la colonisation, l’Angola ne jouissait pas de ce statut privilégié de destination exotique comme les autres colonies du Brésil, du Cap-Vert, Sao-Tomé ou Macao. L’Angola, avec son climat chaud et humide, était plutôt vue comme une côte riche où il fallait piller au maximum en y installant plusieurs comptoirs de commerce (or, étoffe, esclaves etc.).
Cette haine envers le colon portugais, qui éventuellement se transforme en amour, les Angolais l’ont toujours avalé à travers la gorge au fil du temps. En donnant de l'argent à son adversaire, on en profite pour l'humilier.

L’Angola en quête de leadership internationale
Comme la majorité des régimes de l’Afrique centrale, le pouvoir angolais est en quête permanente de leadership régional et même mondial. Profitant de ses immenses revenus pétroliers, Luanda mise ses derniers temps sur une diplomatie militaire et économique très active pour  revendiquer sa place de puissance internationale comme la Colombie, le Venezuela ou l'Iran. On retiendra ses interventions militaires remarquées au Congo-Brazzaville et en RDC. En Côte d’ivoire, reste à le prouver, des mercenaires angolais s’y sont invités pour soutenir l’ancien président Laurent Gbagbo.

Alors offrir de l'aide financière à une nation européenne et ancienne puissance coloniale, est le comble de la reconnaissance que le pouvoir et le peuple angolais ne peuvent pas refuser.
La beauté angolaise depasse les frontières de l'Afrique.
C’est une très bonne chose de voir l’Angola retourner la politesse au Portugal, qui a toujours été son premier partenaire commercial, mais nous estimons que les priorités du gouvernement angolais devraient être de rechercher, en premier, le salut et la prospérité des Angolais avant de seduire les blancs.
Luanda est l'une des 25 villes les plus insalubres du monde, selon le magazine Forbes.
Il y a un énorme fossé entre les riches et les pauvres en Angola, et beaucoup de gens ne sont pas vraiment informés de la richesse de leur pays. Les gens qui vivent dans les zones rurales ou les zones centrales, ne voient pas les plateformes pétrolières en mer, ils ne savent pas simplement la masse d'argent qui est là, ils ne voient pas toutes les nouvelles constructions et les voitures tape-à-l’œil et les restaurants chers de Luanda.
La jeunesse angolaise adore les sports
La main d’œuvre angolaise est sous-qualifiée et peu productive, à cause d’un faible système d'éducation et du manque d’écoles de qualité dans les domaines techniques et de l'offre des services.
Pour les quelque cinq millions d'Angolais qui vivent dans les bidonvilles autour de Luanda, une baguette magique peut paraître comme leur seul espoir, avant que les géants puits pétroliers ne s'épuisent.