jeudi 8 septembre 2011

Municipalisation de la Cuvette-Ouest : Bilan à mi-chemin


Près de 100 projets d’une valeur globale de plus de 300 milliards de F CFA ont été affectés pour le programme de municipalisation accélérée dans la Cuvette-Ouest.
Au nombre de ces projets figurent le bitumage des routes entre districts, villages et le chef-lieu qui est Ewo. Aussi la construction de l’aéroport et de l’aérogare, la construction des bâtiments administratifs des hôtels de ville en étages à Ewo, Okoyo, Etoumbi et Kéllé. Dans le volet sanitaire et éducation, nous pouvons mentionner la construction et l'équipement des centres de santé intégrés, la construction et la réhabilitation des écoles.
Le palais présidentiel d'Ewo
Pour un département qui était dépourvu de la moindre infrastructure comme la Cuvette-Ouest, c’est déjà bien à la base. Mais ce qui n’a pas trop bien marché c’est dans l’ordre des priorités des projets à terminer. Par exemple à Ewo, on a privilégié l’exécution des infrastructures administratives et urbaines ; ce qui est tout à fait normal pour l’aéroport, le boulevard où devrait se réaliser le défilé, les villas de logement pour les invités, mais pas pour les bâtiments administratifs.

Piste de l'aéroport d'Ewo
 Il fallait d’abord que l’on procède par lancer les activités de l’économie locale, qui est presque inexistante à cause du profond enclavement dont souffre la région.
Le secteur des services n’y existe pas. Il fallait créer une petite société publique de transport régional des personnes et des marchandises, ou bien encourager des opérateurs privés à le faire en les facilitant les obligations fiscales. Installer des succursales de banques opérantes au Congo et stimuler les petites activités commerciales comme la restauration.

Tarnac de l'aéroport d'Ewo
 L’agriculture et le tourisme sont des secteurs qui peuvent contribuer à l’essor économique de la Cuvette-Ouest. Ces activités pourront conduire à l’augmentation du taux d’emploi de la région. Au lieu de construire un palais présidentiel à Ewo, alors que le président n’y résidera jamais, il était préférable de construire des motels pour visiteurs ordinaires et villas de luxe pour les visiteurs VIP. C’est une occasion d’emplois stables pour les jeunes locaux. 
Un avion qui atterrit enfin à Ewo
 Les autres secteurs reposent essentiellement sur l’exploitation forestière(Mbomo), l’exploitation artisanale de l’or (Kellé et Etoumbi). Il suffit de créer des comptoirs de changes et des machines de distribution automatiques pour faciliter la circulation de l’argent et le service.
La gare routière d'Ewo en chantier
 Certes, les travaux de la municipalisation accélérée ont apportent du travail aux jeunes, mais n’empêche que la main d’œuvre congolaise ne tire qu’un faible profit de ces grands chantiers. Ces jeunes congolais n’ont pas de formation et ne sont donc pas embauchés pour exercer des jobs qualifiés et valorisants.
Le siège de la Sous-préfecture d'Ewo en chantier
 L’État congolais devrait créer les structures et conditions qui permettent aux habitants, dont les départements accueillent la fête nationale tournante, de réaliser les métiers suivants : 
  •  La construction des bâtiments et des routes
  •  La transformation des métaux et la soudure;
  •  La conduite des engins lourds et légers ;
  •  La mécanique et l’entretien des machines;
  •  L’installation des réseaux électriques et des télécommunications ;
  •  La deuxième et la troisième transformation du bois des essences de la forêt équatoriale.
Le président Sassou fait des gros efforts pour doter l'arrière-pays en infrastructures de base.
La situation de l’éducation et de la santé


Nous fusionnons le regard de ces deux secteurs parce qu’ils présentent un problème critique commun : le manque du personnel qualifié et des matériaux.
Disons-le comme ça, mais c’est un mal qui touche tous les départements du pays à l’exception de Brazzaville et Pointe-Noire. C’est d’abord culturel, parce que le congolais déteste vivre en campagne. Si nous arrivons à cerner ce problème, nous pourrions résoudre 70% des difficultés.



Comment faire pour attirer des médecins, des infirmiers et des enseignants dans des régions qui ne connaissent pas la civilisation?

Il n’existe point de recette miracle pour cette question. Mais le plus important est de créer les conditions de vie minimum pour ces professionnels à savoir :
 Un logement décent
 L’eau et le courant
 Une bonne rémunération plus des primes d’éloignement
 Transport pour les déplacements (si nécessaire)
Mais encore là, ce n’est pas assez pour attirer un citadin qui se respecte. Il faut créer la vie dans les départements. C'est-à-dire construire des installations sportives (terrains de foot, playground pour basket et tennis, pistes pour la marche ou jogging etc.).

Le boulevard des armées d'Ewo
 En dépit de cela, il faut encourager la tenue des activités sportives et récréatives comme faire en sorte que des équipes locales participent aux championnats nationaux, organiser des festivals culturels, des foires annuelles et des spectacles des jeunes à ciel ouvert…  
Une avenue bitumée à Ewo, avec les eternels caniveaux à ciel ouvert
Même là encore nous ne sommes qu’à 50% de taux de séduction pour attirer les professionnels citadins les moins pessimistes. Une autre alternative- et non la moindre – serait de suivre l’exemple du Brésil avec les régions éloignées qui bordent le fleuve Amazonie. 

L’armée brésilienne s’est fait construire un grand bateau à fon plat d’à peu près 80 x 40 mètres carrés de surface. C’est un bateau haut de 3 niveaux qui parcourt l’Amazonie à une vitesse de 55 km/h en période de bonne navigabilité.
La route Makoua-Etumbi en construction
Ce bateau a été conçu pour servir les régions éloignées, en même temps, comme école de formation, hôpital et une petite administration de l’État brésilien. Il transporte à son bord des médecins, infirmiers, sages femmes, enseignants, formateurs professionnels, techniciens et agents de l’administration pour faire des pièces d’identités, passeports et d’autres services d’urgences dont ont besoin les populations qui vivent dans des régions éloignées.
 Pour l’éducation, l’enseignement se fait quand le bateau est là, et les parents sont tenus de faire le suivi à la maison avec les élèves pour les devoirs et exercices assistés, jusqu’à la prochaine descente du bateau.
Même chose pour la santé, les médecins mènent des consultations et parfois des interventions chirurgicales sur place.

De cette manière tout le monde sort gagnant. Les professionnels ne vivent pas nécessairement dans des zones enclavées. Ils se relayent même entre collègues lors des multiples voyages. Aussi les habitants de la campagne ont le temps de s’occuper de leurs quotidiens, tout en préparant leurs doléances, en attendant l’arrivée de l’administration mobile.
Une mini-centrale thermique à Ewo
 Ce n’est pas trop confortable, mais c’est ça la vie de la campagne. Même les pays riches comme le Canada et l’Australie sont confrontés à ces fléaux. Les fermiers de ces pays sont en train de vendre leurs terres, parce qu’il devient de plus en plus difficile de trouver une femme qui veut vivre en campagne.
La mondialisation nous impose la manière de gagner de l’argent, c'est à nous d'adapter nos sociétés pour rester compétitif.

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