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Utilisation des captures
La République du Congo est parmi les grands consommateurs de poisson dans le monde. Les captures issues du sous-secteur maritime ou continental sont destinées, d'une manière générale, à la consommation humaine directe au niveau local. Cela devrait être un vecteur de développement économique du marché local. L’État congolais devrait en profiter pour subventionner ce secteur en accordant des crédits aux petits exploitants et même en rachetant leurs productions afin de les redistribuer sur le marché local.
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Pêche sur l'Oubangui |
Le poisson ne peut jamais trainer au Congo, malgré la différence de façon de le consommer chez nous. En effet, il existe une grande disparité concernant les habitudes alimentaires, sur la consommation de poisson entre les populations des régions côtières et riveraines et celles situées à l'intérieur du pays.
Les populations des régions côtières et riveraines ont tendance à consommer du poisson à l'état frais tandis que celles de l'intérieur, du poisson congelé, fumé, salé séché ou frais.
Les captures issues de la pêche maritime industrielle, sont distribuées fraîches ou congelées. La plupart des sociétés de Pêche industrielle et certains commerçants privés disposent des infrastructures pour la conservation du poisson. Ces infrastructures sont disséminées dans les grands centres de consommation tels que Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi.
La distribution du poisson s'effectue principalement par chemin de fer, par route et parfois par avion-cargo pour les crevettes.
Les captures de la pêche maritime artisanale et celles de la pêche continentale par contre, ne jouissent pas des mêmes avantages que ceux de la pêche maritime industrielle, puissent qu’elles ne disposent pas d'infrastructures de conservation en froid appropriés.
Elles sont pour la plupart distribuées sous forme de poissons fumés, salé-séchés, frais et parfois à l'état vivant (cas du poisson en provenance du nord Congo); 70 pour cent des captures sont transformées (fumage et salage) pour le consommer avec du saka-saka ou d’autres sauces locales.
Le fleuve Congo demeure le principal axe d'évacuation de poisson d'eau douce provenant des régions enclavées du nord Congo. Ces captures sont, en grande majorité, débarquées à Brazzaville avant d'être évacuées vers les autres centres de consommation.
Pour faire face à la demande du marché local, le Congo a importé, pour l'an 2005, 22.984 tonnes de poisson dont 17.553 tonnes de poisson congelé (en équivalent frais). Mais nous osons croire que si le gouvernement réussi le pari de l’énergie électrique en abondance pour tous, le Congo n’importera plus du poisson car l’industrialisation et la conservation des poissons seront en hausse.
Les crevettes traitées, congelées et emballées dans les bateaux usine, en mer, sont exportées en quasi-totalité vers les marchés de l'Union Européenne et d'Asie.
Il sied de noter, qu'une quantité importante de poisson des eaux intérieures et est exportée de manière informelle vers la plupart des pays limitrophes. Les crevettes d’eau douce de la vallée du Niari sont exclusivement réservées au marché de Kinshasa.
Partenariat avec la FAO et les pays étrangers
Afin d’intensifier ce secteur vitale pour la sécurité alimentaire du pays, le gouvernement avait déjà signé des accords de coopération avec la Namibie. Aujourd’hui le gouvernement étudie un programme de gestion durable de la pêche avec la FAO. Un projet de construction de chantier d'armement de pêche, basé à Pointe-Noire est également à l’étude.
La pêche sportive
Une autre activité florissante pour l’industrie de la pêche au Congo est la pêche sportive. Le fleuve Congo permet aux initiatives privées comme celle du Tigerfish Goliath de mettre en valeur le potentiel halieutique congolais en réalisant plusieurs camps sportifs et culturels reliés à la pêche. Lors de ces camps, l’on peut atteindre des captures ayant des poids allant jusqu'à 70 kg ou.
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Il n'y a que dans le fleuve Congo que l'on peut trouver ce poisson avec de pareils poids. Le plus gros Tigerfish capturé à l'heure actuelle au TIGERFISH'S CAMP est de 56 kg |
Pêche industrielle : un projet de développement de chantier d'armement à Pointe-Noire
Il y a au Congo une dizaine d’armements de pêche avec une trentaine de navires de pêche industrielle et six cents embarcations de pêche artisanale. Le secteur de la pêche contribue à la sécurité alimentaire et à l’amélioration des finances publiques, car plusieurs familles dépendent des activités de pêche maritime et continentale. Afin d’accroître ce secteur, un projet de chantier d’armement de pêche, basé à Pointe-Noire et de grande chambre froide à Oyo qui permettrait de fournir du poisson frais à toute la région.
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Des bateaux du type vietnamiens seront bientôt construits à Brazzaville. |
PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT
Le rétrécissement de la zone de pêche au niveau maritime, suite à l'extension des champs pétrolifères off-shore, constitue, certes, un facteur limitant, mais pas un frein au développement de ce secteur. Les possibilités de développement y existent encore, tant pour la pêche industrielle, la pêche artisanale que pour la pêche et l'aquaculture continentales. Ces possibilités sont conditionnées par le bon vouloir des pouvoirs publics de faire bouger les choses.
Parmi ces possibilités on note:
• la mise en place des infrastructures de conservation de poisson dans les différents centres de collecte de poisson, tant au niveau continental qu'au niveau maritime artisanal, quoique cela exige un investissement important. Cette action constitue un levier au développement du sous-secteur artisanal;
• la mise en fonctionnement effectif du laboratoire d’analyses sensorielles acquis à Pointe noire grâce à un financement de la FAO;
• l'appui à l'éclosion des organisations socioprofessionnelles qui auraient pour but, l'amélioration de la disponibilité des intrants de pêche et des pièces détachées dans le pays, à des coûts raisonnables;
• La mise en œuvre de nouvelles techniques qui permettraient d'exploiter les stocks de poisson des zones rocheuses, jusque-là inexploités;
• Le renforcement de la coopération multilatérale avec les Etats voisins en vue d'y obtenir des droits de pêche et, aussi bien, favoriser la politique de joint-venture;
• L'organisation et l'encadrement adéquat des pêcheurs artisans;
• L’exploitation rationnelle des stations piscicoles, qui devra permettre la mise à la disposition des pisciculteurs paysans, des alevins et une formation conséquente.
• L’exploitation aquacole de certaines espèces marines très appréciées (moules, huîtres, crevettes).
LA RECHERCHE
La recherche halieutique au Congo est pratiquée:
Au niveau de la pêche maritime
Le centre ORSTOM, de Pointe-Noire, devenu IRD maintient, un programme restreint sur le suivi socio-économique de la pêche artisanale. Il abrite le laboratoire d’analyses sensorielles qui n’est pas encore fonctionnel.
Au niveau des eaux intérieures
Le centre de recherche hydro biologique de Mossaka, situé dans la région de la Cuvette, a été créé en 1997. Il n’a connu un début de fonctionnement qu’en décembre 1999 suite à la nomination de son directeur. Le centre manque cependant de locaux fonctionnels et ne dispose pas d’un potentiel humain adéquat à cause de manque d’écoles de métier.
Les domaines de recherche visés comprennent la biologie, la technologie des engins de pêche, la technologie des produits de pêche et le Socio-économique.
Cadres Juridiques généraux
Jusqu’à ce jour, la pêche continentale et l’aquaculture congolaise ne sont régies par aucune loi. Seul l’arrêté du 28 février 1945 demeure en vigueur et fixe les dimensions minima des mailles des filets sur l’étendue du territoire national.
Un projet de loi sur la pêche et l’aquaculture continentales adopté depuis 2003 est en instance de promulgation.
Du côté de la pêche maritime, depuis le premier février 2000, il y a eu la promulgation de la loi 2-2000 qui porte organisation de la pêche maritime en République du Congo. Cette loi institue deux zones de pêche:
• Une zone réservée à la pêche artisanale. Elle est constituée des eaux salées et saumâtres des lagunes et des fleuves jusqu’à une distance de 6 miles marins.
• Une zone réservée à la pêche industrielle. Elle est comprise entre 6 miles marins et 200 miles marins.
Mais comme toujours, les politiques congolais fonctionnent au ralenti. Les congolais adorent les réunions, les ateliers, les séminaires de toute sorte pour des projets qui ne voient jamais le jour. Il est très important que les parlementaires congolais accélèrent le processus de promulgation d’une loi qui vise à protéger le secteur vital de la pêche au Congo. La pêche est le seul secteur économique hors pétrole, qui peut encore se targuer d’orgueil.