vendredi 25 mars 2016

Le Mexique Terrasse le Canada

footballeurs canadiens et mexicains, FIFA 2018, Mexique


Javier « Chicharito »  Hernandez, Hirving Lozano et Jesus « Tecatito »  Corona ont permis au Mexique de marcher sur le Canada 3-0, vendredi, lors du premier match des qualifications en vue de la prochaine coupe du monde de soccer masculin. C’était un match historique qui a vu le Stade B.C. Place de Vancouver battre le record d’assistance en faisant le plein des 60 000 places(tous sports confondus). Des milliers de supporteurs mexicains sont venus de Mexico City et des Etats-Unis pour soutenir la sélection aztèque.


Après un début de match enflammé où les deux équipes ont obtenu des chances de marquer dans les 15 premières minutes, Le Mexique a commencé a assuré un marquage très haut et serré. Cette forte pression au milieu du terrain a empêché les Canadiens de sortir avec le ballon pour assurer la connection entre Junior Hoillet et Julian De Guzman, leurs meilleurs éléments.
bc place, Vancouver, Canada, Mexique
Le Stade B.C. Place a battu le record en affluence ce vendredi 25 mars 2016 lors du Canada-Mexique(0-3).
Cette stratégie a payé cash, puisque a partir de ce moment ce fut tout un récital mexicain à la «mariachi », avec Hernandez qui s'est élevé à la 31e minute pour propulser la balle, de la tête, dans la lucarne droite des buts canadiens, après un joli centre venant de la gauche.
Lozano a doublé le score suite a une entente a une-deux avec Chicharito, pour conclure avec un frappe en pleine lucarne gauche des buts du gardien Milan Borjan à la 39e minute. Le stade est rentré en pleine extase, au délire des fans mexicains. L’on se croirait même au stade de Morelia, tant le public visiteur a fermé la gueule aux locaux.
Chicharito Hernandez, fans mexicains, Cancún, Congo, Manchester
Javier Hernandez "Chicharito" jubile pour le premier but du match contre le Canada.
Corona a aggravé le score à la 72e minute, après une série de domination totale mexicaine (3-0). Le score ne bougera plus, même si le Mexique aurait mérité de l’emporter par 5 ou 6 buts a zéro.
Ce revers est une énième frustration du soccer canadien, car ce match avait suscite une grande passion et expectatives a cause de la forme du moment que connait la sélection canadienne. Mais une fois de plus, les défaillances techniques des joueurs canadiens (incapables d’aligner 3 passes) nous rappellent que ce n’est pas demain la veille.

Herving Lozano celebre son but
Herving Lozano es une grande promesse du football mexicain

La prochaine confrontation se tiendra ce mardi 29 mars dans le mythique Estadio Azteca, devant 100 000 supporteurs locaux.

Avec un total de neuf points en trois parties, le Mexique mène le groupe A lors de cette avant-dernière journée de qualifications de la zone CONCACAF.
Le Canada occupe la deuxième position avec quatre points, deux de plus que le Salvador. Les deux premières équipes du groupe passeront à la phase finale des qualifications.
Au Stade Azteca, le Canada affiche des statistiques de 0-5-1(vic-def-nul), avec 21 buts encaissés, dont une mémorable raclée de 8-0 à la Gold Cup, en 1993, devant 100 000 spectateurs. Le dernier but inscrit par un Canadien dans ce stade en 1980.
Junior Hoillett, Canada, Colombie Britanique, BC Vancouver
Junior Hoillett est reste impuissant devant la machine du Tri
Le Canada, qui n'a pas participé à la coupe du monde depuis sa seule apparition en 1986, affiche une de 3-17-7 contre le Mexique et la dernière victoire remonte à 16 ans.
Les dirigeants du soccer canadien doivent comprendre que le développement de cette discipline n’est pas juste une question d’investissements financiers et de construction d’infrastructures sportives. Il faut également s’imprégner de la culture du foot pour pouvoir développer des talents comme Hernandez Chicharito, Raphael Marquez ou encore Giovanni Dos Santos…L’argent seul ne suffit pas.
Le ministère des sports a laissé le soccer canadien aux mains dune bande de clans mafieux italiens, irlandais et hongrois. Ces derniers contrôlent les plus grands clubs de soccer récréatif des grandes agglomérations comme Toronto, Montréal et Vancouver.

Ils ont le contrôlent des dômes, des gymnases et des terrains municipaux. En plus, ils ont le contrôle sur les homologations et les tournois des jeunes joueurs. Ils ont donc le monopole sur les prix d’inscription des joueurs dans les clubs du Canada, pour se faire de l’argent dans les poches. Du coup, au Canada jouer au soccer coûte plus cher que prévu pour les parents. 

On paye pour jouer au soccer, au moment ou en Afrique et en Amérique latine apprendre le foot ne coûte rien a un jeune bambin. Avec les contraintes climatiques qui réduisent la saison de soccer au Canada a 3 ou 4 mois, il est très difficile de se mettre au standard des autres puissances de ce sport pour former des grands joueurs.

mardi 22 mars 2016

Cuba : la visite de Barak Obama a enterré le communisme.

Barack Obama et Raul Castro, Habana, Havane, Cuba, Colombia, México


Barack Obama a découvert La Havane dimanche lors d'une visite historique, en famille et sous une pluie battante, devenant le premier président américain en exercice à se rendre à Cuba depuis la révolution castriste de 1959. Cette visite, aux allures de contes de fées, a aussi définitivement enterré le communisme à Cuba. Le voyage du président Obama est une succession de faits de transformation de système économique et politique, amorcée depuis 5 ans, qui suit un processus irréversible.


Playa de Santa Marìa, Villa Clara, El Cubano, Cuba, México
La Playa Santa Marìa, à 30 km de val ville de Santa Clara(Cuba), est l'une des 7 merveilles des Caraïbes.

«¿Que bola Cuba?» («Comment ça va Cuba ?»), a lancé M. Obama sur son compte Twitter en utilisant une expression populaire, quelques secondes après l'atterrissage d'Air Force One sur l'aéroport Jose Marti.

Barack Obama, sa femme Michelle et leurs deux filles, Malia, 17 ans, et Sasha, 14 ans, ont parcouru à pied les rues détrempées de la vieille Havane.

Air Force One, USA, Canada, Pentagone
Air Force One juste avant son aterrissage à l'aéroport José Martì de la Havane.

Mais la pluie et un impressionnant déploiement de forces de police ont contribué à vider cette partie de la ville, classée au patrimoine de l'Unesco, déjouant un peu les plans du couple Obama, adepte de la simplicité et des bains de foule.

La famille Obama s'est notamment rendue dans la cathédrale de La Havane, trésor baroque du XVIIIe siècle où elle a rencontré le cardinal Jaime Ortega, un des artisans du rapprochement américano-cubain.
À Cuba, des affiches montraient côté à côte dans la rue Raúl Castro et Barack Obama avant l'arrivée du président américain.
La veille, les Cubains sont tous sortis pour nettoyer les rues et repeindre les murs pour la reception du président américain.

Avec ce voyage, M. Obama a démontré une fois de plus que sa stratégie de politique de détente et de rapprochement avec l’île antillaise était la meilleure solution pour enterrer définitivement le communisme et c’est un processus irréversible.

une touriste avec un vieux ford américain
Une touriste américaine pause devant une vieille voiture de fabrication américaine à la Havane(Cuba).

Pour moi qui ai vécu durant 14 ans dans ce cher pays, devenu de facto ma seconde patrie, je vis cet évènement historique comme si j’étais encore à Cuba. J’aurai aimé être sur place pour suivre les émissions radiotélévisées locales, afin d'écouter ce que l’élite politique et intellectuelle en pense. 

Playa Giron, Havane, France, Espagne, Séville, Argentine
Playa Giron, la Havane, Cuba. Toujours aussi superbe avec son sable fin.

Quand je vivais encore surplace (jusqu’ au début des années 2000), il ne se passait pas un seul jour sans entendre des critiques et insultes sur le gouvernement américain dans les médias. Fidel Castro n’avait jamais fait un seul discours sans critiquer la politique impérialiste du pays de l’Oncle Sam et ses inégalités sociales. Mais les choses ont changé depuis...

Il faut reconnaitre que l’avènement au pouvoir d’Obama, le premier président noir des États-Unis, a beaucoup contribué aux évènements. Premièrement, Barack Obama est très populaire au sein de la population cubaine et surtout les Afro-cubains. 

noirs de cuba, choco colombien, Espagne
La visite de Brack Obama fait fureur chez les noirs et metisses de Cuba
La population cubaine (11 millions d’habitants) est hétérogène et bien repartie avec une petite majorité blanche, suivie des métisse et ensuite des noirs. Mais il n’y a pas une race qui écrase une autre, bien que lorsqu’en regroupe les métisses et les noirs ensemble ce sont les Afro-cubains qui deviennent largement dominants. Hors ces derniers ont toujours été sous-représentés dans la scène politique et intellectuelle, y compris dans les institutions universitaires.

un afrocubain applaudit le passage d'Obama
Barack Obama inspire beaucoup de respect et d'admiration auprès des Afro-cubains
À partir de ce fait, les dirigeants cubains savaient que la politique des virulentes diatribes contre le mandataire américain actuel n’aurait pas d’échos au sein de sa population. À partir de 2008, l’idéologie des castristes a dû donc se réajuster progressivement. Le pragmatisme du nouveau président, Raul Castro, a aussi facilité les choses énormément. Depuis 2008 plusieurs interdictions sur les Cubains furent levées, comme le droit de voyager à l’étranger et aller s’établir ailleurs si les moyens le permettaient. 

Le secteur informel et plusieurs secteurs de services se sont aussi privatisés. Depuis 2010, l’État Cubain n’harcèle plus les travailleurs autonomes qui œuvrent dans l’informel et le commerce du détail comme avant.
Evan Longoria, Cuba, USA, Nicaragua, Angola
Evan Longoria, la star des Rays de Tampa Bays, sera de la partie demain contre l'équipe nationale de Cuba.

Cependant, les vraies avancées obtenues dans ce rapprochement ont été rendues possibles après 18 mois de négociations secrètes avec Raul Castro, qui ont débutées le 17 décembre 2014. Compte tenu de l’âge très avancé du président cubain (84 ans), nous pouvons donc affirmer que la fin du régime communiste est irréversible et imminente.

Ariel Borrero, la star du baseball de Villa Clara(Cuba), sera de la partie demain contre les Tampa Bays.

Toutefois, l’idéale serait que les Américains ne poussent pas trop fort pour un changement impulsif et brutal. Le socialisme a essoufflé l’économie cubaine, certes, mais elle a aussi apporté des bonnes choses à son peuple. Son modèle gratuit de santé publique et de l’éducation pour tous n’a pas son pareille dans le continent américain. Mais ce qui fait la force de Cuba de nos jours, c’est la tranquillité de sa société. C'est un pays où l’on peut se promener n’importe où et à n’importe quelle heure sans se soucier. À Cuba, on peut affirmer, les yeux fermés, qu'il y'a la paix et la tranquilité des esprits.

Assaut armé en moto, Venezuela, Mexique, Colombie, Congo
Un vol à main armé en plein jour à Caracas(Vénézuela). Il y'a beaucoup d'insécurité dans la majorité des pays d'Amérique latine.
Contrairement aux autres pays de l’Amérique latine, ils sont épargnés des violences politiques et sociales. La délinquance aggravée et criminelle que l’on retrouve un peu partout en Colombie, au Pérou, au Panama et même chez la voisine République Dominicaine, est inexistante à Cuba. 

Au Venezuela, par exemple, le pays est en train de vivre une vraie guerre civile qui n’a pas de fronts, ni d’ennemis déclarés. Les gens se procurent des armes à feu facilement en ville, et dans les quartiers défavorisés les querelles entre voisins se règlent à coups de machettes et de couteaux.

homicides au Vénézuela, Cuba, Colombie, Nigéria, Cameroun
Le Vénézuela est en train de vivre une tragédie nationale avec l'un des taux d'homicide les plus élévés du monde. C'est une guerre civile de tous contre tous.
Nous ne voulons pas voir notre linda Cuba sombrer comme ses frères de l’Amérique latine. Au Contraire, nous voulons que Cuba utilise cette expérience pour aider et inspirer les autres comme en témoigne son implication pour une sortie de crise négociée en Colombie.

Des groupes paramilitaires colombiens à Buenaventura(Choco).


Profiter simplement des moments


En tout cas, pour ce qui nous concerne aujourd’hui c’est la jolie et spectaculaire visite de la famille Obama qui nous rend heureux. Demain, ils vont tous assister à un match amical de baseball entre la sélection cubaine et l’équipe des Rays de Tampa Bay, au Stade Latinoamericano de la Havane.

Tampa Bays Rays, USA, Cuba, Mexique, Angola
Les Rays de Tampa Bay(USA) vont croiser la sélection cubaine du baseball demain au stade Latinoamericano de la Havane

Selon la Maison-Blanche, aucune rencontre n'est prévue avec l'ex-président Fidel Castro, âgé de 89 ans. Mais nous souhaitons vivement que cette rencontre ait lieu. Fidel Castro est une figure historique incontournable à Cuba. Il a aussi été un fervent soutien pour la lutte contre la ségrégation raciale et l’égalité des races partout dans le monde. Pour un dirigeant comme Barack Obama qui partage aussi ces valeurs, refuser de rencontrer Fidel serait une erreur de l’histoire.

Robert Moiran, baseball cubain
Luis Robert Moiran est l’une des principales promesses du baseball cubain

 Mais bon...De ce voyage historique d'Obama à Cuba, il y' aura sûrement beaucoup de polémiques, tant au niveau de ses adversaires politiques républicains, que chez les extrémistes purs et durs de la Révolution Cubaine. Cependant, il y'a un proverbe cubain qui dit « A mal tiempo, buena cara. », traduisez (« Faire contre mauvaise fortune bonne fortune »).

Quelques soient les critiques contre nos décisions, nous devons nous réjouir des petits progrès et regarder l’avenir avec optimisme.

dimanche 20 mars 2016

Une nuit du Festival de la Toronja à Cuba(Chapitre I)

page Facebook ghanés de Cuba, mozambicanos de Cuba, Burkinabés de Cuba




Aujourd’hui nous allons faire un peu d’histoire. Je vais vous raconter l’histoire du Festival de la Toronja(pamplemousse en espagnol), qui est aussi l’histoire de la pire bataille estudiantine que la Révolution Cubaine n’ait jamais connue. C’était la bataille entre les étudiants congolais contre l’alliance des étudiants arabes composée par les Sahraouis et les Yéménites. Les autorités cubaines n’ont jamais voulu faire écho à cette histoire pour préserver la réputation de leur régime et société. Heureusement, j’étais l’un des acteurs de cet épisode et je suis là pour vous la raconter dans un style romanesque.


Le 13 mars a toujours été une journée historique pour les Pineros—Désignation des habitants de de l’Île de la Jeunesse(Cuba)—parce que c’est la célébration de la proclamation définitive de l’ancienne Île des Pins comme un territoire cubain(réclamé pas les USA), qui des années après s’appellera l’Île de la Jeunesse. Depuis, un carnaval de 5 jours se célèbre chaque mois de mars, sur toute l’étendue de l’île, pour célébrer cet événement. 

Si pour les cubains de cette localité, ces 5 jours représentaient la fête et la bière, pour nous les anciens étudiants congolais de cette île, on se rappelle de notre victoire lors de la bataille contre les Arabes. Ce n’était qu’une histoire de la jeunesse, n’empêche qu’à l’époque c’était un événement grave et important que nous pouvons résumer en plusieurs chapitres et parties comme suit.

La première bataille


La première bagarre s’est déroulée le 13 mars 1989 vers 22 heures, sur la rue principale qui menait vers l’hôpital municipale de Nueva Gerona, avait bien opposé une cinquantaine de congolais contre un nombre de deux ou trois fois plus élevé de Sahraouis et de Yéménites.

Pour mieux comprendre, faisons un petit retour de l’histoire…


Vers la fin des années 70, Cuba était l’un des rares pays du continent américain qui avaient fait de l’Afrique une priorité pour sa politique internationale. Pour ce faire, la Havane avait signé des accords de coopération avec plusieurs pays africains dans plusieurs secteurs, dont la formation académique complète de futurs cadres. Fidèle Castro avait alors ordonné de construire 70 grandes écoles-internats, reparties dans toute l’île des Pins, pour accueillir les élèves de ces pays amis. C’est à partir de ce vaste projet que les autorités cubaines ont débaptisé cette île en lui donnant le nom actuel de l’Île de la Jeunesse. C’est une île qui est distante de la Havane de 5 heures de traversée en bateau ou de 45 minutes en avion.

Belle femme du Rwanda, Kenya, Yaoundé
Belle Africaine

Toutes ces écoles étaient construites selon un même modèle et plan. C’étaient des vraies cités dans des cités où l’on y trouvait presque de tout pour vivre : les dortoirs, cantines, cafétérias, terrains sportifs, salles des jeux, amphithéâtres et même des collines où l’on avait construit des galeries de refuges sous-terrains anti-nucléaires pour protéger les élèves en cas d’attaque des États-Unis…

Les premiers centres à voir le jour étaient les 4 écoles angolaises, 4 pour les Mozambicains et une école éthiopienne qui furent toutes inaugurées en 1977. L’école des congolais a été inaugurée en 1979 par le président Denis Sassou Nguesso lui-même, qui venait juste d’accéder au pouvoir à Brazzaville. 

Congolais de Cuba, Conguitos, Burkinabés de Cuba, les enfants de Sankara
La première promotion des Congolais de Cuba en 1979

C’était la toute première génération de congolais à Cuba, avec près de 600 étudiants, qui allait se voir renforcer par des vagues successives des nouveaux arrivants à tous les deux ou trois ans.

Ce système de bourses d’études complètement gratuit a pu bénéficier à 27 pays d’Afrique, Asie et l’Amérique latine de 1977 à la fin des années 90.

Mozambicains de Cuba
Des étudiants mozambicains se promenant dans les environs de leur école, l'Esbec # 7 à l'Île de la Jeunesse(Cuba).
@Courtoisie de la page Facebook de Gilson Washington Lombe


Parmi ces pays nous pouvons citer les nationalités les plus distinctives comme : la Guinée Bissau (qui étaient les meilleurs footballeurs), le Ghana (qui avaient les meilleurs résultats scolaires), le Nicaragua ou encore le Cap-Vert avec sa fameuse Esbec # 4, un vrai paradis de jolies demoiselles.


Le Festival de la Toronja et les étudiants étrangers


Cubana dans Gerona, Ghana, los ghanés de Cuba, Cameroun
Le Boulevard de Nueva Gerona, la capitale de l'Île de la Jeunesse(Cuba)

Quand venait le temps du Festival de la Toronja, les autorités municipales mettaient des navettes de transport à disposition des écoles internationales. Il y’avait une planification par tour de rôle pour que chaque école bénéficie d’une journée de navettes de bus. Le jour qui correspondait à votre école, une trentaine de bus scolaires arrivaient après l’heure du dîner pour ramasser tous ceux qui désirent aller en ville pour la fête. L’heure du retour à l’école était prévue pour 03 :30 A.M. En dehors de ces horaires, chacun devrait se débrouiller avec les moyens du transport public.

Escuela Kwame Nkrumah, Ghana in Cuba, Namibian students in Cuba
Des élèves ghanéens de Cuba pausent sur le pasillo aérien de leur école Kwamé Nkrumah.


Le Festival de la Toronja était la fête populaire de l’île et presque l’unique opportunité que nous avions, avec les Jeux sportifs d’été, de pouvoir se rencontrer et socialiser avec les autres communautés résidentes à l’île. Car généralement, nous ne sortions pas beaucoup de nos écoles, puis que nous étions bien souvent éloignées des centres urbains.


L’origine du conflit


Les origines du conflit entre les groupes protagonistes ne sont pas bien claires. Épris de jalousie, des étudiants sahraouis ou des yéménites voulaient protéger leurs filles des dragueurs congolais. En fait, on confondait beaucoup ces deux communautés arabes, à cause des apparences physiques, de la langue et aussi le fait qu’ils se tenaient toujours ensembles un peu partout.

étudiants sahraouis à Cuba
Des étudiants sahraouis se promenant sur le couloir central de leur Esbec, la Isla de la Juventud(Cuba)

En tout cas, cette nuit les Sahraouis ont un engagé un combat féroce contre les Congolais a cause des histoires du cul. Dans la foulée, les Yéménites s’y sont aussi mêlées, peut-être par solidarité musulmane ou arabe, nous n’avions jamais su la raison.


Déclenchement de la bagarre


Le Ciné Caribe à Cuba, Angola, Benguela
Le Ciné Caribe, en face c'est le parc central où le gros du Festival de la Toronja se déroulait.

Cette nuit-là, les Arabes étaient très nombreux. C’était sûrement leur tour de bénéficier de la navette. Nous, les Congolais, avions déjà eu notre navette lors de la deuxième journée du festival. Donc seuls nos vrais passionnés du carnaval avaient décidé de faire le parcours du combattant pour fêter à Nueva Gerona(la capitale).

Playa Punta Francés, Cabinda, Angola, Pointe-Noire, Congo
La superbe plage Punta Francés(Île de la Jeunesse, Cuba), très populaire chez les touristes français.


Lorsque la bagarre se déclencha, les bâtons, les bouteilles et les cailloux se mirent à voler de toute part. Les Congolais furent très vite débordés par le grand nombre des Arabes qui, de plus en plus, frappaient avec une puissance qui stupéfiait tout le monde. Les gars ne faisaient pas de différences entre les garçons et les filles, ils bastonnaient tout le monde sur leur chemin.

Ce fut un grand soulagement pour les Congolais lorsque Bienvenu Thicaya « Tchik Zo », leur leader, donna l’ordre de battre en retraite. Le repli des enfants de Sassou Nguesso s’est fait de façon désordonnée, ce qui a créé un fort mouvement de panique dans les rangs congolais. « Mon gars, c’était le sauve qui peut, Dieu pour tous! » me racontait mon pote Fortuné Nanga, l’un des malheureux de la soirée.

Édifices de Nueva Gerona
C'est près de ces immeubles proches de l'hôpital de Nueva Gerona où s'est prolongé les affrontements

Plusieurs gars avaient reçu une vraie raclée, avant de voir l’intervention des premiers éléments de la P.N.R (Policía Nacional Revolucionaria). Les plus chanceux avaient pu se réfugier chez certaines familles cubaines du coin, tandis que le reste avait simplement pris la clé des champs. Pour ces derniers, le calvaire était encore loin d’être fini car le retour à l’école au pas du « Un-Deux »  était pénible. Ils ont marché pendant deux heures, dans l’obscurité, en empruntant la route principale qui menait vers le village La Victoria (au nord-est de l’île). Ce chemin rallongeait le trajet, mais au moins il leur permettait de contourner les montagnes des pins et les plantes de marabout, que l’on trouvait en abondance sur cette île.

Je rends hommage à Armel « Yoka Valer », Anicet Poaty Amar, Ghislain Koukouta, Kevin Mbou et le dur de Madingou, Abel Ngouada... Ces gars-là se sont battus avec un courage héroïque, en dépit de leur infériorité numérique. Mais ce n’était qu’une partie remise, puisque nous avions encore une chance de se reprendre le lendemain, le jour de la clôture du festival…


L’École du 5 Février 1979



Très tôt le matin, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre à l’école des Congolais.

 L'École du 5 février 1979, plus connue sous le nom de l'Esbec n ° 48, est rentrée en pleine ébullition au petit matin. C'était notre principal foyer à Cuba. Un mini-Congo de 1200 étudiants qui  comptait une école secondaire et un lycée pré universitaire. Là-bas on ne parlait que le lingala, la langue nationale. Mais l'enseignement était en espagnol et en français(pour certains cours).

Le couloir central de l'école 48 des congolais est dans un abondon total.
Courtoisie de la page Facebook de Manis Mieré

L'école fut construite à l'ombre d'une belle chaîne de montagnes couvertes de pins. Sur les côtés et la façade principale de l'école étaient entourées des champs de citron, dont les rangées des arbres paraissaient infinies. Sous l'ombre de ces longs arbres de pins, les garçons avaient construit de nombreux donjons pour pratiquer les arts martiaux et l'acrobatie (un art très répandu au sein des jeunes à Brazzaville).

aquaduc pour poissons à l'école du 5 février
La carte du Congo illustrée par des artistes cubains à l'école des Congolais de Cuba.
On peut bien apprécier le canal d'eau qui représente le fleuve Congo se jetant dans l'océan atlantique.
En fait, à cette époque-là il y avait trop de brimades à l'école. On vous brimait pour la nourriture, pour obtenir un meilleur emplacement du lit dans les dortoirs. Les gars se battaient pour les copines, pour un match de football ou encore pour un vilain regard etc. Il fallait donc  se préparer pour se faire respecter, sinon on vous faisait baisser les pantalons.

Vers 9 heures du matin, le sentiment général de tout le monde à l’école était que cette humiliation ne pouvait rester comme ça. Il fallait aller venger nos frères le soir, pour le dernier jour du festival. Après, il n’y aura plus d’autres opportunités.


La planification de la revanche


Nous avions besoin d’un grand nombre de gens pour essayer d’égaler le nombre des Arabes, surtout que leurs écoles se trouvaient tout proche du centre-ville. Donc ils avaient l’avantage du terrain et du nombre par rapport à nous. Nous avions du personnel pour répondre à ce défi, mais il y avait un souci et pas des moindres : comment transporter un nombre aussi important des volontaires pour se battre?

Matutino en Cuba, Facebook, Sahara, Maroc
Les étudiants sahraouis de Cuba font la montée des drapeaux avant le début des classes


Voyager loin pour aller fêter est une chose, mais voyager pour aller se battre en est une autre. Cependant, on s’est organisé en petits groupes d’amis pour récolter des sous et s’assurer que personne n’allait manquer d’argent pour prendre les bus du transport public. Pour le retour, ben on va tous se faufiler dans les rares bus mis en circulation à la fin de la fête ou bien louer plusieurs navettes de taxis.

ala docente esbex # 48, Angola, Congo, Caimaneros
Les salles de classe de l'école des Congolais à Cuba
@Courtoisie de la page Facebook de Manis Mieré

Nous avions reçu une mauvaise nouvelle au milieu de la journée : les élèves de la classe de Terminale, qui étaient les plus vieux et les plus forts de l’école, ne seront pas de la partie. Soucieux de préserver leurs futures carrières universitaires, ils n’ont pas voulu se mêler des histoires des ados.

Peu importe, cette défection de dernière minute ne pouvait pas enrayer notre détermination à aller se battre. Nous pouvions toujours compter sur la présence des durs de moyens et petits calibres. En effet, nous avions des gars précieux comme Jonas Poungaloki, Guylain Gokaba «Taxi», Guy Opoukou « Stranger », Bruno Ibibi et bien d’autres machines de guerre…

À peine cinq mois en arrière, en été 88, toute l'école était allé au Congo pour trois mois de vacances entièrement financés par l'État Congolais. Beaucoup de gens avaient profité de ce voyage de ressourcement pour s'acheter des gros bras mystiques, avec des gris-gris de toute sorte pour se munir de forces surnaturelles.

Au retour du pays, on commençait à entendre plein d’histoires, comme celle de Freddy Gouabe qui s’était acheté la gifle du gorille. Quand il s’énervait, il suffisait qu’il plonge sa main dans la poche de son pantalon pour en ressortir un coup de poing  de diamètre trois fois plus grand que la normale.

Un autre c’était Christian Moumbou « Ngouété », ce gars qui avait ramené un pot de sable  recueilli d’un cimetière des fous. Avec un seul coup de tête, il vous envoyait visiter un hôpital psychiatrique. Guy Malela était allé jeûner, avec son grand-père, pendant plusieurs jours dans son village de Kibouéndé(120 km au sud de Brazzaville); gare à celui qui avait affaire à lui de retour à Cuba… Que dire de Ley Loko qui avait ramené un boulet de canon mortel au football? 

Auparavant, le mec n’était qu’un défenseur central ordinaire. Mais du jour au lendemain il a commencé à marquer beaucoup de buts par des frappes surpuissantes et lointaines… Comment ne pas croire à ces mythes de fée, tellement qu’il y’avaient parfois des évidences?

Les ruines de l'Esbec # 48(façade principale), l'école des Congolais à Cuba.
@Courtoisie de la page Facebook de Manis Mieré

Le 14 mars 1989 en question, j’étais proche de fêter mes 15 ans. Cet après-midi-là, avec quelques copains de ma gang, nous sommes allés nous entraîner dans notre donjon aménagé dans les pins. Pour économiser les énergies, nous n’avons que réviser les concepts de base d’autodéfense. Nous n’étions que des ados, mais nous croyions fermement en ce que nous faisons et en nos forces pour mettre en déroute l’adversaire. Je pense à Sylvain Onguiende, Serge Olingou, Kevin Massala ou Tsiba Éphrem « la machine ».

Plus les heures passaient, plus la tension montait. Vu la motivation de certains gars, particulièrement conflictuels, j’ai donc dit à l’égard des Yéménites : « Bonne chance les mecs! ».