Aujourd’hui nous allons faire un peu d’histoire. Je vais
vous raconter l’histoire du Festival de la Toronja(pamplemousse en espagnol),
qui est aussi l’histoire de la pire bataille estudiantine que la Révolution
Cubaine n’ait jamais connue. C’était la bataille entre les étudiants congolais et l’alliance des étudiants arabes composée par les Sahraouis et les Yéménites.
Les autorités cubaines n’ont jamais voulu faire écho de cette histoire pour préserver la réputation de leur régime et société. Heureusement que j’étais l’un
des acteurs de cet épisode et je suis là pour vous la raconter dans un style
romanesque. Le récit se fera sur une série de trois chapitres.
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Nueva-Gerona rénovée après le sinistre du cyclone Irma |
Le 13 mars a toujours été une journée historique pour les
Pineros—Désignation des habitants de l’Île de la Jeunesse(Cuba)—parce que c’est
la célébration de la proclamation définitive de l’ancienne Île des Pins comme
un territoire cubain(réclamé pas les USA), qui des années après s’appellera l’Île
de la Jeunesse. Depuis, un carnaval de 5 jours se célèbre chaque mois de mars, sur
toute l’étendue de l’île, pour célébrer cet événement.
Si pour les cubains de cette
localité, ces 5 jours représentaient la fête et la bière, pour nous les anciens
étudiants congolais de cette île, on se rappelle de notre victoire lors
de la bataille contre les Arabes. Ce n’était qu’une histoire de la jeunesse, n’empêche
qu’à l’époque c’était un événement grave et important que nous pouvons résumer
en plusieurs chapitres et parties comme suit.
La première bataille
La première bagarre s’est déroulée le 13 mars 1989
vers 22 heures, sur la rue principale qui menait vers l’hôpital municipale de
Nueva Gerona, avait bien opposé une cinquantaine de congolais contre un nombre
de deux ou trois fois plus élevé de Sahraouis et de Yéménites.
Pour
mieux comprendre, faisons un petit retour de l’histoire…
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L'Esbec des élèves éthiopiens, la première à être inaugurée à l'île. |
Vers la fin des années 70, Cuba était l’un des rares
pays du continent américain qui avaient fait de l’Afrique une priorité pour sa
politique internationale. Pour ce faire, la Havane avait signé des accords de
coopération avec plusieurs pays africains dans plusieurs secteurs, dont la
formation académique complète de futurs cadres. Fidèle Castro avait alors ordonné
de construire 70 grandes écoles-internats, reparties dans toute l’île des Pins,
pour accueillir les élèves de ces pays amis. C’est à partir de ce vaste projet
que les autorités cubaines ont débaptisé cette île en lui donnant le nom actuel
de l’Île de la Jeunesse. C’est une île qui est distante de la Havane
de 5 heures de traversée en bateau ou de 45 minutes en avion.
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Belle Africaine |
Toutes ces écoles étaient construites selon un même
modèle et plan. C’étaient des vraies cités dans des cités où l’on y trouvait presque
de tout pour vivre : les dortoirs, cantines, cafétérias, terrains sportifs, salles des jeux, amphithéâtres et même des collines où l’on avait
construit des galeries de refuges sous-terrains anti-nucléaires pour protéger
les élèves en cas d’attaque nucléaire des États-Unis…
Les premiers centres à voir le jour étaient les 4
écoles angolaises, 4 pour les Mozambicains et une école éthiopienne qui furent
toutes inaugurées en 1977. L’école des congolais a été inaugurée en 1979 par le
président Denis Sassou Nguesso lui-même, qui venait juste d’accéder au pouvoir
à Brazzaville.
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La première promotion des Congolais de Cuba en 1979 |
C’était la toute première génération de congolais à Cuba, avec près
de 600 étudiants, qui allait se voir renforcer par des vagues successives des
nouveaux arrivants à tous les deux ou trois ans. Ce système de bourses d’études complètement gratuit a
pu bénéficier à 27 pays d’Afrique, Asie et l’Amérique latine de 1977 à la fin
des années 90.
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Des étudiants mozambicains se promenant dans les environs de leur école, l'Esbec # 7 à l'Île de la Jeunesse(Cuba).
@Courtoisie de la page Facebook de Gilson Washington Lombe |
Parmi ces pays nous pouvons citer les nationalités les plus distinctives comme : la Guinée Bissau (qui étaient les
meilleurs footballeurs), le Ghana (qui avaient les meilleurs résultats
scolaires), le Nicaragua ou encore le Cap-Vert avec sa fameuse Esbec # 4, un
vrai paradis de jolies demoiselles.
Le
Festival de la Toronja et les étudiants étrangers
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Le Boulevard de Nueva Gerona, la capitale de l'Île de la Jeunesse(Cuba) |
Quand venait le temps du Festival de la Toronja, les
autorités municipales mettaient des navettes de transport à disposition des
écoles internationales. Il y’avait une planification par tour de rôle pour que
chaque école bénéficie d’une journée de navettes de bus. Le jour qui
correspondait à votre école, une trentaine de bus scolaires arrivaient après l’heure
du dîner pour ramasser tous ceux qui désirent aller en ville pour la fête. L’heure
du retour à l’école était prévue pour 03 :30 A.M. En dehors de ces
horaires, chacun devrait se débrouiller avec les moyens du transport public.
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Des élèves ghanéens de Cuba pausent sur le pasillo aérien de leur école Kwamé Nkrumah. |
Le Festival de la Toronja était la fête populaire de l’île
et presque l’unique opportunité que nous avions, avec les Jeux sportifs d’été,
de pouvoir se rencontrer et socialiser avec les autres communautés résidentes à l’île.
Car généralement, nous ne sortions pas beaucoup de nos écoles, puis que nous
étions bien souvent éloignées des centres urbains.
L’origine du conflit
Les origines du conflit entre les groupes protagonistes
ne sont pas bien claires. Épris de jalousie, des étudiants sahraouis ou des yéménites
voulaient protéger leurs filles des dragueurs congolais. En fait, on confondait
beaucoup ces deux communautés arabes, à cause des apparences physiques, de la
langue et aussi le fait qu’ils se tenaient toujours ensembles un peu partout.
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Des étudiants sahraouis se promenant sur le couloir central de leur Esbec, la Isla de la Juventud(Cuba) |
En tout cas, cette nuit les Sahraouis avaient décidé d'engager un
combat féroce contre les Congolais à cause d'histoires du cul. Dans la foulée, les Yéménites s’y sont mêlées aussi, peut-être par solidarité musulmane ou arabe, nous n’avions jamais su la
raison.
Déclenchement
de la bagarre
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Le Ciné Caribe, en face c'est le parc central où le gros du Festival de la Toronja se déroulait. |
Cette nuit-là, les Arabes étaient très nombreux. C’était sûrement leur tour de bénéficier de la navette. Nous,
les Congolais, avions déjà eu notre navette lors de la deuxième journée du
festival. Donc seuls nos vrais passionnés du carnaval avaient décidé de faire
le parcours du combattant pour fêter à Nueva Gerona(la capitale).
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La superbe plage Punta Francés(Île de la Jeunesse, Cuba), très populaire chez les touristes français. |
Lorsque la bagarre se déclencha, les bâtons, les
bouteilles et les cailloux se mirent à voler de toute part. Les Congolais
furent très vite débordés par le grand nombre des Arabes qui, de plus en plus,
frappaient avec une puissance qui stupéfiait tout le monde. Les gars ne
faisaient pas de différences entre les garçons et les filles, ils bastonnaient
tout le monde sur leur chemin.
Ce fut un grand soulagement pour les Congolais lorsque
Bienvenu Thicaya « Tchik Zo », leur leader, donna l’ordre de battre
en retraite. Le repli des enfants de Sassou Nguesso s’est fait de façon désordonnée,
ce qui a créé un fort mouvement de panique dans les rangs congolais. « Mon gars, c’était le sauve qui peut, Dieu pour tous! » me racontait
mon pote Fortuné Nanga, l’un des malheureux acteurs de la soirée.
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C'est près de ces immeubles proches de l'hôpital de Nueva Gerona où s'est prolongé les affrontements |
Plusieurs gars avaient reçu une vraie raclée, avant de voir l’intervention
des premiers éléments de la P.N.R (Policía Nacional Revolucionaria). Les plus
chanceux avaient pu se réfugier chez certaines familles cubaines du
coin, tandis que le reste avait simplement pris la clé des champs. Pour ces
derniers, le calvaire était encore loin d’être fini car le retour à l’école
au pas du « Un-Deux »
était pénible. Ils ont marché pendant
deux heures, dans l’obscurité, en empruntant la route principale qui menait
vers le village La Victoria (au nord-est de l’île). Ce chemin rallongeait le
trajet, mais au moins il leur permettait de contourner les montagnes des pins
et les plantes de marabout, que l’on trouvait en abondance sur cette île.
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Des ados de l'Esbec # 48 s'amusant au couloir supérieur de l'école. |
Je rends hommage à Armel Yoka « Valer »,
Anicet Poaty Amar, Ghislain Koukouta, Arnaud Thibault Essereké, Kevin Mbou et le dur de Madingou, Abel
Ngouada... Ces gars-là se sont battus avec un courage héroïque, en dépit de leur
infériorité numérique. Mais ce n’était qu’une partie remise, puisque nous avions encore une chance de se reprendre le lendemain, le jour de la clôture du festival…
L’École
du 5 Février 1979
Très tôt le matin, la nouvelle s’est répandue comme
une traînée de poudre à l’école des Congolais.
L'École du 5
février 1979, plus connue sous le nom de l'Esbec n ° 48, est rentrée en pleine
ébullition au petit matin. C'était notre principal foyer à Cuba. Un mini-Congo de 1200
étudiants qui comptait en son sein une école
secondaire et un lycée pré universitaire. Là-bas on ne parlait que le lingala,
la langue nationale. Cependant, l'enseignement était en espagnol et en français(pour certains cours).
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Le couloir central de l'école 48 des congolais est dans un abandon total.
Courtoisie de la page Facebook de Manis Mieré |
L'école fut construite à l'ombre d'une belle chaîne de
montagnes couvertes de pins. Sur les côtés et la façade principale de l'école
étaient entourées des champs de citron, dont les rangées des arbres
paraissaient infinies. Sous l'ombre de ces longs arbres de pins, les garçons
avaient construit de nombreux donjons pour pratiquer les arts martiaux et
l'acrobatie (un art très répandu au sein des jeunes à Brazzaville).
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La carte du Congo illustrée par des artistes cubains à l'école des Congolais de Cuba.
On peut bien apprécier le canal d'eau qui représente le fleuve Congo se jetant dans l'océan atlantique. |
En fait, à cette époque-là il y avait trop de brimades
à l'école. On vous brimait pour la nourriture, pour obtenir un meilleur
emplacement du lit dans les dortoirs. Les gars se battaient pour les copines,
pour un match de football ou encore pour un vilain regard etc. Il fallait donc se préparer pour se faire
respecter, sinon on vous faisait baisser les pantalons.
Vers 9 heures du matin, le sentiment général de tout
le monde à l’école était que cette humiliation ne pouvait rester comme ça. Il
fallait aller venger nos frères le soir, pour le dernier jour du festival.
Après, il n’y aura plus d’autres opportunités.
La
planification de la revanche
Nous avions besoin d’un grand nombre de gens pour essayer
d’égaler le nombre des Arabes, surtout que leurs écoles se trouvaient tout proche du centre-ville. Donc ils avaient l’avantage du terrain et du nombre par rapport à nous.
Nous avions du personnel pour répondre à ce défi, mais il y avait un souci et
pas des moindres : comment transporter un nombre aussi important des volontaires pour se battre?
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Les étudiants sahraouis de Cuba font la montée des drapeaux avant le début des classes |
Voyager loin pour aller fêter est une chose, mais voyager
pour aller se battre en est une autre.
Cependant, on s’est organisé en petits groupes d’amis pour récolter des sous et
s’assurer que personne n’allait manquer d’argent pour prendre les bus du
transport public. Pour le retour, ben on va tous se faufiler dans les rares bus
mis en circulation à la fin de la fête ou bien louer plusieurs navettes de
taxis.
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Les salles de classe de l'école des Congolais à Cuba
@Courtoisie de la page Facebook de Manis Mieré |
Nous avions reçu une mauvaise nouvelle au milieu de la journée : les
élèves de la classe de Terminale, qui étaient les plus vieux et les plus forts de
l’école, ne seront pas de la partie. Soucieux de préserver leurs futures
carrières universitaires, ils n’ont pas voulu se mêler aux gamineries des ados.
Peu importe, cette défection de dernière minute ne
pouvait pas miner notre détermination pour aller se battre. Nous pouvions
toujours compter sur la présence des durs de moyens et petits calibres de l'école secondaire. En effet, nous
avions des gars précieux comme Jonas Poungaloki, Guylain Gokaba «Taxi», Guy
Opoukou « Stranger », Bruno Ibibi, Cyrille Ngossia "Selengué" et bien d’autres machines de guerre…
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La Plaza de formaciòn de l'Esbec # 48 en ruines...
@Courtoisie de la page Facebook de Manis Mieré |
À peine cinq mois en arrière, en été 88, toute l'école
était allée au Congo pour trois mois de vacances entièrement financés par l'État
Congolais. Beaucoup de gens avaient profité de ce voyage de ressourcement pour s'acheter des
gros bras mystiques, avec des gris-gris de toute sorte pour se munir de forces
surnaturelles.
Au retour du pays, on commençait à entendre plein d’histoires de mythes,
comme celle de Freddy Gouabe qui s’était acheté la gifle du gorille. Quand
il s’énervait, il suffisait qu’il plonge sa main dans la poche de son pantalon
pour en ressortir un coup de poing de diamètre trois fois plus grand que la normale.
Un autre c’était Christian Moumbou « Ngouété », ce gars qui avait ramené un pot de sable recueilli d’un cimetière des fous. Avec un seul coup de
tête, il vous envoyait visiter un hôpital psychiatrique. Guy Koula, alias " Guy Malela ", était allé jeûner,
avec son grand-père, pendant plusieurs jours dans son village natal de Kibouéndé(120 km
au sud de Brazzaville); gare à celui qui avait affaire à lui de retour des vacances…
Olivier Bokou, alias "Kissinger" ou "Kishi", le gars mystique qui dans la noirceur de la nuit devenait invisible pour ses adversaires. Confiant de ses pouvoirs magiques, il avait pris un malin plaisir de faire des visites nocturnes dans les dortoirs des filles pour y faire des attouchements sexuels. Ses victimes étaient en quelque sorte paralysées par le sentiment d'un cauchemar, la peur ou la torpeur alimentée par un sommeil profond.
C'est seulement lorsque "Kishi" avait finit son acte besogneux et s'en allait que les filles se rendaient compte de ce qui leur était arrivée. Les victimes voyaient toujours le dos d'un garçon de taille moyenne, musclé et torse nu, s'éclipser en marchant tranquillement dans le pénombre. Quand elles décidaient de crier à l'aide et que nous descendions de nos dortoirs, le mystérieux visiteur lançait un cri du village et disparaissait simplement dans la nature. Tout de suite on activait un mécanisme de patrouilles dans les dortoirs des garçons, pour attraper ceux qui ne dormaient pas mais ce n'était que peine perdue. Pendant ce temps, Kishi se trouvait dans ses draps comme si de rien. C'était du pur vaudou africain!
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Le style des chemises"Le Village" était très en vogue à l'Esbec # 48. |
Un moment, ses visites nocturnes devenaient tellement récurrentes que les filles avaient fini par le surnommer "Le Village", à cause de sa culotte multicolore hawaïenne qu'il portait toujours avec lui pour commettre ses forfaits. Quand nous sommes revenus de vacances du Congo, ce style vestimentaire multicolore faisait fureur. Les gens appelaient ça Le Village.
Il choisissait toujours soigneusement ses victimes parmi les plus jeunes filles, mais qui avaient déjà des formes corporelles bien arrondies. Une brigade spéciale de volontaires avait été mise en place par la direction pour traquer le délinquant sexuel invisible, mais il s'en moquait et la liste des victimes ne cessait de s’alourdir. Cette histoire accaparait tellement les nouvelles de l'école qu'un moment, plusieurs d'entre nous avions fini par croire que ces filles hallucinaient dans leurs imaginations. En effet, comment pouvaient-elles sentir qu'un être imposant abusait d'elles, mais ne pas être capable de crier à l'aide?
La seule fois que "Kissinger" avait oublié sa culotte fétiche et choisi de porter une autre, il s'était fait pincer. Un gars qui montait la garde, tout en passant la nuit avec avec sa copine, l'avait surpris au moment où il entrait dans un dortoir de filles pour commettre son e-nieme forfait. Ses gris-gris et sa valise furent confisqués par nos éléments de discipline et il avait reçu une belle correction à la chicote. Cet acte a même failli lui faire expulser pour le Congo.
Que
dire du footballeur Ley Loko qui avait ramené un fétiche qui lui offrait un boulet de canon mortel au football? Auparavant,
le mec n’était qu’un défenseur central ordinaire. Mais du jour au lendemain il est revenu du Congo avec des jambes bien musclées. Avec son fétiche en ruban qu il attachait toujours au bras, comme un brassard de capitaine, Il commençait à marquer beaucoup de buts par des frappes lointaines et surpuissantes…
Comment ne pas croire à ces mythes de fée, tellement qu’il y’avaient des évidences?
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Les ruines de l'Esbec # 48(façade principale), l'école des Congolais à Cuba.
@Courtoisie de la page Facebook de Manis Mieré |
Le 14 mars 1989 en question, j’étais proche de fêter mes 15
ans. Cet après-midi-là, avec quelques copains de ma gang, nous sommes allés
nous entraîner dans notre donjon aménagé dans les pins. Pour économiser les énergies, nous n’avons que réviser
les concepts de base d’autodéfense. Nous n’étions que des ados, mais nous
croyions fermement en ce que nous faisons et en nos forces pour mettre en déroute
l’adversaire. Je pense à Sylvain Onguiende, Serge Olingou, Kevin Massala, Martial Mampouma, Ghislain Mabiala "Mabe" ou le défunt Tsiba Éphrem « la machine ». Plus les heures passaient, plus la tension montait. Vu la motivation de certains gars, particulièrement conflictuels, j’ai donc dit à l’égard des Yéménites : « Bonne chance les mecs! ».
Avant de quitter l’école, avec mes amis nous avons pris des
gorgées de rhum Bocoy pour réchauffer un peu le sang. Nos yeux étaient devenus
rouges : nous étions prêts pour la bagarre, comme disait le musicien Zao.
Nous avons emporté avec nous des chaines d'acier avec lesquelles nous sécurisions nos
valises, des bombes au gel de poivre et des bâtons de Baseball. Nous ne transportions pas avec nous des armes tranchantes, car la violence fatale ne fait pas partie de notre culture au
Congo. Nous faisons usage de la force physique et mystique pour frapper et se
faire respecter, mais pas pour tuer personne.
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Les lycéens de l'école 48. Ils n'avaient pas voulu se solidariser à la cause. |
Avant de partir, nous avons reçu des précieux renforts de dernière
minute. Certains doyens du lycée, en quête de forte sensations, n’ont pas voulu
perdre ce genre de moment unique. Ils voulaient le vivre en personne et je vous
assure qu’ils ne s’agissaient pas que de simples curieux, mais plutôt des durs de notre école. Je
pense à Innocent Ngouolondélé, Marius Itieré, Bolowou Molleng, Christian Nganga
« Dan Vadis » ou Dzabatou « Chien Chaud ».
C’était tout simplement excitant de voir tous ces gros bras
laisser de côté leurs différends, pour unir leurs forces afin de défendre l’honneur
de la patrie. Mais au fait, qui était l'ennemi? Le Yemen ou le Sahara Occidental?
« Aucune importance!» dira un Brice Dzangué surexcité. « Ils sont tous pareilles ces Arabes.»
À SUIVRE….