Le Congo-Brazzaville ne figure pas parmi les 10 premiers
pays au classement final des médaillés des Jeux de la Francophonie 2013. Parmi
les pays classés devant le Congo il y’a pas moins de six pays africains.
Mais qu’importe? En étant le premier pays a remporté deux fois de suite le
tournoi du football, les Congolais confirment qu’ils sont les rois des Jeux de
la Francophonie. Le Congo avait déjà remporté la médaille d’or au Liban en
2009, en battant la Côte d’Ivoire en finale. En 2013, à Nice, les
Diables-Rouges juniors ont récidivé en battant le Maroc en finale (2-1).
Si on passe en revue tous les états membres participants à
ces jeux, nous constatons que, en dehors du Canada, du Vietnam, et du Cambodge,
le football est le sport roi pratiqué dans tous ces pays. Alors, remporter plusieurs
médailles dans les autres disciplines sans avoir une équipe compétitive au foot
est une amère déception pour les puissances de la Francophonie. Comme le football est le sport roi des Jeux, les Congolais
sont donc les Rois des Jeux.
Les héros de cette formation congolaise des moins de 20 ans,
qui a survolé le tournoi de football de Nice, sont dans l’ordre de mérite
suivant :
· L’avant-centre Bersyl Obassi (meilleur buteur du
tournoi avec 4 buts)
·
Le gardien James Ekoko(excellent gardien qui a
sauvé son équipe de la défaite à plusieurs reprises)
·
Le meneur de jeu Percy Akoli
Bersyl Obassi, meilleur buteur et meilleur joueur du tournoi. |
Cette génération, entrainée par le coach Eloi Mankou(déjà
vainqueur à Beyrouth), est un mélange intelligent des meilleurs joueurs de la
cuvée 2011 des cadets et une bonne moisson des juniors de la cuvée 2011-13.
Tous ces jeunes proviennent du centre national de formation de football de
Brazzaville(CNFF) qui d’ailleurs vient d’être fermé depuis le mois de mars sur
ordre du ministre des sports.
Ce sacre vient confirmer que le talent abonde au Congo, mais
c’est la fédération congolaise de football et le ministère des sports qui ne
sont pas capables d’implémenter des bons plans stratégiques de développement des
athlètes.
Cependant, il faut le reconnaître que tout ne fut pas en
rose lors du tournoi de Nice 2013. Car la victoire congolaise peut aussi s’assimiler
à un miracle, au vu de la domination souffert contre le Sénégal et le Maroc
respectivement en demi-finale et en finale.
Les footballeurs congolais sont redoutables en équipe. C’est une philosophie de solidarité qui a souvent régné dans le groupe et fait que des joueurs de calibre moyen se supportent pour gagner des grands matchs. Mais lorsque l’adversaire exige un niveau technique élevé, on l’a vu plusieurs fois que nos jeunes footballeurs n’ont plus de solution pour dominer les adversaires.
Les footballeurs congolais sont redoutables en équipe. C’est une philosophie de solidarité qui a souvent régné dans le groupe et fait que des joueurs de calibre moyen se supportent pour gagner des grands matchs. Mais lorsque l’adversaire exige un niveau technique élevé, on l’a vu plusieurs fois que nos jeunes footballeurs n’ont plus de solution pour dominer les adversaires.
Romaric Etou doit encore parfaire sa technique |
Contre le Maroc, en finale, il était difficile d’imaginer un
revirement dans le match au vue de la différence du niveau technique entre
Marocains et Congolais. Les Congolais ont su retrouver les ressources morales
grâce à l’inspiration de fin de match de l’attaquant Bersyl Obassi sur deux balles opportunes.
La base du foot est la technique, chers compatriotes. Un jeune joueur de foot ne
saurait montrer le potentiel de sa technique que s’il touche beaucoup au ballon
à l’entrainement. Le nombre de touches de balles lors des entraînements des
clubs congolais étant beaucoup trop bas, les jeunes joueurs devraient compenser
ce manque de touche de balle soit à l’école, soit dans la rue et – pour les plus doués – au CNFF.
Percy Akoli, ici en en lutte contre un Marocain, dévie de la tête pour le second but congolais. |
La plupart des jeunes Congolais ne jouent plus au foot dans
les quartiers ou dans la rue. Avant, les
jeunes pratiquaient leurs techniques dans la rue, chez un copain ou dans la
grande parcelle du coin. Beaucoup d’anciens grands footballeurs du pays ont
fait leurs premiers pas au foot en jouant de cette manière. On jouait durant
des heures et les joueurs étaient plus techniques, plus véloces et plus forts
que ceux de nos jours.
Le " Bombardier" Hardy Binguila est l'un des grands espoirs du football congolais. |
Les jeunes de nos jours ne jouent plus dans la rue, disons
même qu’ils ne jouent plus au foot tout simplement. Les jeux vidéo, les femmes et l’alcool
ont pris cette place. Aussi, l’offre de la télé-foot a énormément augmenté, avec des
nombreux matchs de ligues européennes programmés ou encore la multiplications des chaines religieuses et des séries colombiennes ont détourné plusieurs jeunes congolais des activités sportives.
L'arrière gauche, Pandza Mobié, est un autre qui doit encore travailler sa technique. |
Le ministre Opimbat devrait prendre ce problème à cœur. Il
faut retourner à la source, au mwana foot, en accordant des subventions aux
associations sportives qui voudraient organiser des tournois des quartiers. Il
faudra rouvrir le CNFF pour redéfinir son statut et son rôle dans le développement
des jeunes footballeurs.
Eddie Hudanski, l’ancien manager du centre insistait
beaucoup sur le jeu de passe à une touche de balle, pour des maigres performances. Nous estimons plutôt qu’à cette
étape de développement des jeunes, le jeu collectif ne devrait pas être un impératif.
Les entraîneurs devraient d’abord s’assurer que les jeunes apprivoisent les
concepts fondamentaux du football. Les jeunes doivent travailler la technique individuelle
d’abord : Contrôler la balle, dribbler, s’exercer à passer et à tirer au but.
Apprendre à faire des jeux de têtes les yeux ouverts. Développer des exercices
de coordination. Guider la balle, pivoter, des feintes, dribbler. Il y a tant
de choses à revoir au niveau de la DTN de la FECOFOOT.
Les pupilles de la génération dorée du CNFF de Brazzaville |
Le staff technique du CNFF(et des clubs congolais) ne
devraient pas imposer aux jeunes une façon particulière de jouer. On devrait laisser
les joueurs développer par eux-mêmes leur vision du jeu. Cela passe par la
touche de balle spontanée. Beaucoup jouer avec le ballon car, tout comme en
gymnastique, une coordination répétitive reste la clef du succès.
La génération des cadets 2011 médaillés de bronze la CAN U17 |
L’on est jamais premier par hasard, chers Congolais. La sélection congolaise senior n’arrive plus à participer aux grands événements depuis plus de
40 ans par le simple fait que le pays ne produit pas des grands footballeurs. Les footballeurs congolais sont assez bons quand ils sont des cadets, des juniors pour s’imposer en équipe, parcequ on les fait jouer ensemble comme un club. Mais
passer le cap des U23, ils stagnent parce qu’il leur manque les concepts
fondamentaux techniques du football pour pouvoir battre des bonnes équipes comme le
Cameroun, la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso qui vient de coiffer le Congo sur
le fil pour le mondial 2014.