Pendant que le monde entier célèbre le 24 janvier comme la
journée internationale du sport féminin, Au Congo-Brazzaville les femmes
trainent dans les églises évangéliques, dans les veillées funèbres ou encore
dans les débits de boissons alcoolisés pour les plus jeunes.
Cette journée, qui est une réflexion du CSA (Conseil
Supérieur de l’Audiovisuel de France), a été créée pour corriger les problèmes de
la sous-médiatisation du sport féminin dans le monde.
Le gymnasse de Talangaï, lors des Jeux de Brazzaville 2015. |
A l’occasion de cette journée, la majorité des gouvernements
responsables ont décidé d’organiser des actions et manifestations, notamment
par le mouvement sportif, afin de mieux faire connaître l’univers du sport
féminin, ses pratiquantes, ses athlètes de haut niveau, mais aussi présenter
les possibilités offertes aux femmes pour pratiquer ou s’inscrire à un club
sportif, à travers l’éventail des disciplines et des installations sportives
existantes.
Le gymnase du stade Massamba Débat à Brazzaville. Courtoise des Depêches de Brazzaville. |
Cependant, au Congo-Brazzaville, les autorités et les
citoyens ordinaires n’ont qu’un concept très éphémère du sport féminin. Pour le
Congolais typique, la femme n’est bonne qu’à offrir ce qu’elle a de mieux.
Pourtant ce ne sont pas les infrastructures sportives qui nous manquent au
Congo.
Le complexe nautique de Kintélé a accueilli les Jeux Africains 2015 |
Le pays vient d’obtenir une notre très satisfaisante en matière d’infrastructure
sportives visant à accueillir les derniers Jeux Africains de 2015. De l’avis
des experts, le Congo est devenu le seul pays d’Afrique noire capable de
rivaliser avec les pays de l’Afrique du Nord et l’Afrique du sud en matière d’organisation
des grands évènements sportifs.
Le nouveau stade de Kintélé |
En dehors des sites pour les Jeux Africains 2015, il y’existe
déjà un programme ambitieux et efficace depuis 10 ans, qui est celui de doter
les départements du pays de bonnes infrastructures sportives. Ainsi, depuis
2006 plusieurs stades multidisciplinaires ont été construits à Dolisie, Owando,
Kinkala, Ouesso entre autres…
Victoire Mfoumouangana, l'un des espoirs du tennis congolais. Courtoisie du journal InfoNet |
Certes, il reste encore beaucoup à faire en matière d’infrastructures
sportives pour les sports de masse comme les gymnases publiques et privés, les
piscines municipales et les pistes cyclables, mais en sens général il ne manque
pas d’infrastructures sportives au Congo pour impulser le programme sportif
féminin.
Qu’est ce qui explique alors la détérioration actuelle du
sport féminin congolais?
Des résultats sportifs
médiocres des athlètes féminins.
Depuis quelques années, le sport féminin congolais ne cesse
de couler de mal en pire. Tous les indicatifs sont en rouge, en commençant par
le handball, qui était pourtant la fierté du sport congolais des années 80. La
qualité du handball congolais est dans une courbe descendante vertigineuse incroyable.
Lors des Jeux Africains 2015 à domicile, qui l’aurait cru
que le Congo pouvait sortir bredouille au handball féminin?
Le handball féminin congolais a perdu beaucoup de puissance et de vivacité. |
Dans l’autre discipline populaire qui est le football, là-bas
aussi c’est la dégringolade. La prometteuse sélection des diables-rouges n’avaient
plus joué un seul match de football depuis la CAN 2009. Pour l’occasion des
Jeux Africains 2015, le ministre des sports et la Fecofoot ont rapidement
bricolé une sélection féminine, sans préparation ni les moyens logistiques nécessaires pour une participation décente.
Dans toutes les disciplines organisées lors des Jeux de
Brazzaville 2015, seules deux athlètes congolaises ont essayé de sauver la face
avec des médailles de bronze. Il s’agit de Grace Denga au tennis simple et de
Nina Youlou au karaté (+68 kg).
Grâce Denga a occupé la 3e place lors des championnats africains de 2014. |
Toujours en tennis, mais cette fois-ci en équipe, le Congo a
décroché la médaille d’argent grâce à sa prometteuse équipe de la diaspora
composée par la terrible Grâce Denga, Annabelle Ossombi et les puissantes sœurs Mfoumouangana(Victoire
et Gloire).
Après il y’a eu l’équipe des « mercenaires »
chinoises habituelles qui ont collaboré pour offrir au Congo trois médailles d’Or
et deux médailles de bronze au tennis de table. Dans cette corvée de médailles,
ce sont les pongistes Xing Han et Yuheng Li qui ont hissé haut le drapeau congolais.
Pourquoi tricher en recrutant des chinoises lorsque nos
filles ont déjà démontré par le passé qu’elles ont le talent intrinsèque
gagnant pour défendre les couleurs du pays?
Grâce Denga est une binationale résidant en France. Médaillée de bronze en tennis simple lors des Jeux Africains 2015. |
Les chinois nous prêtent de l’argent, ils construisent nos
stades, nos routes et ils envoient aussi leurs femmes pour défendre les
couleurs à la places des Congolaises qui chauffent les bancs des églises évangéliques partout dans le monde.
Voir des Chinoises défendre les couleurs du Congo ne pose aucun problème, tant aussi longtemps que des athlètes congolaises les accompagnent en équipe. Les Congolaises doivent aussi jouer et apprendre le rythme de jeu accéléré avec les Chinoises et non croiser les bras et regarder les autres faire.
Voir des Chinoises défendre les couleurs du Congo ne pose aucun problème, tant aussi longtemps que des athlètes congolaises les accompagnent en équipe. Les Congolaises doivent aussi jouer et apprendre le rythme de jeu accéléré avec les Chinoises et non croiser les bras et regarder les autres faire.
Victoire Mfoumouangana, 25 ans, figure dans le Top-40 du tennis français.Courtoise des Depêches de Brazzaville. |
M. Hendri Djombo, le président de la fédération congolaise
du tennis de table, avaient déjà commencé à réfléchir à l’après Chine en
plaçant les pongistes congolais en formation d’une année dans ce pays en vue
des Jeux Africains. Mais pendant les Jeux, beaucoup d’entre eux n’étaient pas à leur hauteur de la
compétition.
Anabelle Ossombi, 19 ans, binationale résidant en Ukraine. |
Il faut le dire sans paraboles, le principal responsable de
cette détérioration du sport féminin est le ministère des sports, plus précisément
le ministre Léon Alfred Opimbat. En effet, le ministre Opimbat est devenu le « Monsieur
Diable-Rouge Football » du Congo, au lieu d’être le ministre des sports.
La congolaise d'origine chinoise, Xing Han(25 ans), médaillée d'Or aux Jeux Africains 2015. |
Il y’a quelques jours, les médias congolais étaient tous
invités à la cérémonie de la signature du contrat du nouveau sélectionneur, le
français Pierre Lechantre, qui va remplacer Claude Leroy. C’est le Dr. Opimbat qui
était à la fois le maître de la cérémonie et le signataire du contrat de la partie
congolaise, faisant de l'ombre au président de la fédération congolaise de football
Jean Michel Mbono.
La puissante Gloire Mfoumouangana, double médaillée d'argent lors des Jeux Africains 2015. |
Pendant ce temps, personne de la presse locale, présente sur
les lieux, n' a eu l'imagination ni le courage de demander au ministre qu’en
est-il de la sélection féminine de football?
Les filles n’ont pas pu prendre part ni aux éliminatoires des
Jeux Olympique 2016, ni à celles de la CAN 2016. Cela témoigne combien de fois
la classe politique et dirigeante du Congo-Brazzaville est en panne de leadership.
Un ministre des sports, premièrement, doit être quelqu’un de
compétent et d’investi pour toutes les disciplines sportives et non seulement pour
une discipline en particulier. Un ministre n’est pas un expert mais doit savoir
solliciter l’expertise au sein des
personnes compétentes de la matière.
Vidéo des entrainements d'Anabelle Ossombi
La journée internationale du sport féminin à l’avantage de
donner un peu plus de visibilité à ces braves femmes qui ont accepté de faire
des sports leur carrière professionnelle. On ne peut que regretter le peu d’intérêt
pour cette cause et l’absence de volonté politique congolaise, quasi générale, de
donner une place équivalente à la femme dans notre société. C’est dommage parce
que c’est un précieux capital gaspillé pour le Congo, quand on connait la valeur de nos femmes.
Avec plus de 30 ans au pouvoir, le président Sassou n’a pas
encore compris le proverbe africain qui dit: C’est la femme qui fait l’homme.