mercredi 25 novembre 2015

Congo-Brazzaville/L’Après-Claude Leroy : continuer ou tout reconstruire ?


Tout juste après avoir qualifié le Congo pour le 3e tour des éliminatoires du Mondial-2018, le sélectionneur Claude Le Roy a annoncé son départ. Toutefois, c’était un secret de polichinelle que la partie congolaise voulait déjà tourner la page, à un peu plus de trois semaines de la fin de son contrat. 

Un mois plutôt, aucune des deux parties n’avait manifesté l’intérêt de continuer dans le projet. Il fallait donc vite se séparer et trouver un sélectionneur pour continuer ce double projet ambitieux, qui en plus du Mondial 2018, doit nous qualifier pour la Can 2017. Le sujet de cet article est de débattre sur l’héritage légué par le technicien français : doit-on continuer  ce que Leroy faisait, ou bien tout repartir de nouveau?

Avant de répondre à cette question, révisons d’abord son bilan pendant ses deux ans passés à la tête de la sélection nationale du Congo et la sélection des moins des 23 ans.

Le Capi Prince Oniangue jubile après son but contre le Gabon à la Can 2015.

Bilan comptable en chiffres :

·         Matchs gagnés : 13
·         Matchs perdus : 14
·         Matchs nuls : 4
·         Buts marqués : 41
·         Buts encaissés : 41


Missions et objectifs :

·         Qualification à la Can 2015: (Objectif atteint seulement grâce à la disqualification du Rwanda pour fraude).

·         Jeux Africains 2015 avec les U23-Médaille: (Non atteint).

·         Qualification à la Can U23-2015: (Non atteint).

Après le bilan en chiffres, nous avons aussi le bilan qualitatif qui porte sur l’amélioration du niveau technique du football congolais. Sans oublier le développement des jeunes talents. Mais comme on peut le constater, le bilan en chiffres est moyen avec un balancement dans les couples victoires/défaites et Buts pour/Buts contre. Les objectifs n’ont pas globalement été atteints.

Thievy Bifouma, diables rouges
Thievy Bifouma est la star montante du football congolais.
Le bilan qualitatif aussi n'est pas fameux, car Claude Leroy avait pratiquement utilisé une rotation fixée au tour de 13 ou 14 joueurs en deux ans. Il n'y a pas eu de nouveau talent découvert ni développé. Même si le technicien a beaucoup fait les éloges du talent des joueurs locaux Sagesse Babelé, Kounkou Moïse et Merveille Ndocky, ces joueurs n'ont pas encore produit des prestations à la hauteur des attentes. Pendant le tournoi de football des Jeux Africains 2015, ils ont tous les 3 montré des insuffisances techniques et physiques pour cette catégorie des moins de 23 ans.

L’apport technique de Claude Leroy dans le jeu a été indéniable par contre. On a vu qu'avec sa présence sur le banc, le Congo a pu frapper fort. Des adversaires redoutables à domicile comme le Nigeria, le Soudan et l'Éthiopie ont subi la loi du "diable" rouge. La belle prestation à la Can 2015 sont aussi à créditer dans son apport. Mais c’est surtout le fait que l’on a pu inscrire 8 buts en deux matchs à l’extérieur de suite, face à la Guinée Bissau et l’Éthiopie, qui marque un profond changement. Cependant, le revers de médaille est que le Congo avec Claude Leroy encaisse autant de buts qu’il en fait. C’est le principal défi qui attend le nouveau candidat à la succession.

Hervé Renard est très convoité par le Congo.
La Fecofoot et le ministre des sports, Léon Alfred Opimbat(très impliqué dans ce dossier), devraient prendre le temps d’analyser cette question avant de s’embarquer à la va-tout avec un nouvel entraîneur. Il est de notoriété publique que les congolais adorent faire le choix de l’effet médiatique plutôt que d’adopter la bonne méthode qui conduit aux solutions durables. Le Congolais aime quand la presse internationale lui fait de la publicité même quand il ne la mérite pas. Voilà pourquoi les rumeurs qui annoncent les tractations en cours pour piocher un gros nom français du football sont crédibles. En effet, l'on parle de Hervé Renard, Roger Lemaire ou Patrice Carteron...Les rumeurs les plus folles avancent même que Raymond Domenech aurait été aperçu à Brazzaville.

Le Congo attend le retour de son grand attaquant Fodé Doré.

Pourtant on a bien vu qu’avec le célèbre sélectionneur Claude Leroy, le bilan global a été décevant. Nous souhaitons que cette fois-ci les choses se fassent avec plus de sagesse et de critères. Contacter un gros nom est bien souvent lié avec une forte personnalité du candidat. Nous avons déjà connu bien des ennuis avec Claude Leroy à cause de sa forte personnalité, réputée comme trop conservatrice, qui n’admet jamais son erreur et ne corrige pas ce qui va mal. En plus, un célèbre entraîneur aura tendance à vouloir tout changer et reprendre avec son propre système. Hors la sélection congolaise est déjà sur le bon chemin. Elle marque beaucoup, au délire de ses supporteurs, il faut seulement trouver une réponse à la médiocrité défensive.

Pour y parvenir, on a seulement besoin d’un entraîneur sérieux, de préférence jeune (car l’équipe est plein de jeunes joueurs inexpérimentés), ouvert d’esprit et à toute option de choix tactique. Cet entraîneur devrait cocher sur papier qu’il accepte de résider au Congo et de faire le suivi des joueurs locaux susceptibles d’intégrer l’équipe nationale.

Nous n'avons pas besoin de tout reprendre à zéro, car nous avons déjà trouvé la formule de la victoire. Le noyau de l’équipe sera bâti autour de la jeune vedette Thievy Bifouma Koulossa. À ses côtés, il pourra s’appuyer sur ses lieutenants Fodé Doré, Delvin Ndinga, Fabrice Ondama, Francis Nganga et le tout puissant capitaine Prince Oniangué.

Par ailleurs, il y’a quelques valeurs sûres qui n’ont pas vraiment bénéficié de la confiance de Claude Leroy, malgré leurs potentiels techniques largement au-dessus de la moyenne du groupe. Il s’agit de l’ailier gauche Chris Malonga, de l’avant-centre Dominique Malonga et du dépositaire, en l’occurrence, le « Bombardier » Hardy Binguila.

L'attaquant dribbleur Chris Malonga Ntsayi.
Voilà en principe ceux qui devraient constituer l’ossature de l’équipe pour continuer les éliminatoires. Maintenant quitte au nouvel entraîneur de compléter le reste, en essayant de résoudre la problématique du nombre de buts encaissés élevé.

Pour ce dernier point, il serait important de rappeler le géant Christopher Samba. C’est vrai que ça n’a jamais été le grand amour entre le milieu du football congolais et le joueur, mais il faut trouver une solution définitive à ce vieux conflit. Samba apportera plus de présence physique et de la voix dans cette fragile défense. Si tous ces conflits émotionnels sont résolus, nous pourrions affirmer que même un entraîneur africain ou local pourrait entraîner cette équipe avec des meilleurs résultats que ceux de Claude Leroy.