Brazza-PN |
Aussi petit soit-il, le premier pas est toujours important.
On a beau reprocher beaucoup de choses au président Denis Sassous Nguesso sur sa longévité au pouvoir, mais lui refuser le qualificatif de « grand bâtisseur » serait faire preuve de cécité intellectuelle. Le Congo est enfin connecté du nord au sud par voie routière avec la fin des travaux de la route Brazzaville-Pointe-Noire. Le département de la Sangha, qui était l’éternel isolé du pays, a enfin rejoint la grande famille congolaise pour contribuer à l’essor du développement économique national.
La route nationale Brazzaville-Pointe-Noire desormais inaugurée. |
Avec la fin du tronçon de la RN1 entre Brazzaville et
Dolisie, il est enfin possible de rouler depuis Ouesso jusqu’au port de
Pointe-Noire, situé 1 300 km plus au sud, sur l’Atlantique. Nous pouvons dire
que c’est un évènement historique, parce que cette route reliant Ouesso à
Pointe-Noire n’était qu’un mythe pour les Congolais.
La route nationale Pointe-Noire-Brazza, sur le tronçon en pleine forêt du Mayombe |
Deux autres projets vont contribuer au désenclavement de la
Sangha et à la connexion du Congo avec ses voisins du Nord. L’un porte sur le
bitumage de la route est-ouest (RN14) entre Ketta, Sembé, Souanké et Ntam,
ville à la frontière avec le Cameroun. Le tronçon Ketta-Sembé est déjà réalisé,
et les 140 km entre Sembé et Ntam devraient être achevés d’ici à la fin de
2016.
La route Ketta-Sembé va rélier le Congo au Cameroun via la localité de Djoum.Courtoisie de Jeune Afrique@Muriel Devey Malu-Malu |
Cette route régionale serait une vraie aubaine pour mes
parents du village de Souanké, dont les aînés du troisième âge sont entrain de vivre un vrai
calvaire depuis des longues années. En effet, faute de moyens roulants décents, beaucoup de personnes âgées sont maintenant
transportées par des brouettes comme des ordures. C’est un triste constat qui n'épargne aucune localité de l'arrière-pays.
La route Ketta-Sembé, sur le tronçon entre Zoulabouth et Ketta. Courtoisie de Muriel Devey Malu-Malu |
Deuxième projet : la construction d’une nouvelle route qui
reliera Ouesso aux villes de Makao et d’Enyelle (dans le département voisin de
la Likouala), jusqu’à la frontière avec la Centrafrique. Au passage, le tracé
de cette route traversera la célèbre réserve du mythique lac Téllé.
Afin de mieux redynamiser la macroéconomie congolaise, il sera
important de diversifier les voies et les réseaux de transport.
Réhabiliter les ports secondaires
Le port d’Oyo, juste en face du grand hôtel Alima à l'entrée de la ville. |
Le port de Ouesso, sur la Sangha, a déjà bénéficié du
programme de modernisation des ports secondaires. Les travaux y sont terminés,
tout comme au port de Lékéty (Cuvette-Ouest), à la confluence des rivières
Djiélé et Lékéty, près de la frontière avec le Gabon.
Un village de Mossaka, au bord du fleuve Alima. |
À Oyo (Cuvette), un nouveau port sur l’Alima est en cours de
construction. Il va remplacer l’ancien, devenu trop petit, afin de favoriser
l’acheminement du bois, de l’huile de palme et du manioc vers Brazza, ainsi que
le trafic vers la RD Congo et les pays situés au nord du pays.
Chargement de la marchandise dans une barge à Mossaka |
Un peu plus à
l’est, la rénovation du port de Mossaka va bientôt commencer. Un port
stratégique, puisqu’il est situé à la confluence du fleuve Congo et des
rivières Alima, Likouala-Mossaka et Sangha.
Ici il est aussi important de souligner que cet axe fluvial
Mossaka-Oyo- Ollombo-Boundji pourrait devenir une route prisée de croisières de
plaisance si l’État Congolais pouvait y prêter un œil. Puisqu’il nous manque
encore au Congo une culture des loisirs et du tourisme, nous pourrions nous
inspirer de l’exemple du Mexique, qui est en avance dans ce domaine.
Le port secondaire Puerto Juarez au Mexique, est un exemple d'une interessante activité touristique marine à suivre pour le Congo |
Il existe un
circuit touristique de croisières entre la ville mexicaine de Cancun et la Isla Mujeres(l'île des Femmes) qui pourrait inspirer les corvées de croisière entre Mossaka et Oyo par
voie fluviale. Ce circuit est desservi par des petit ferrys, fabriqués au Mexique, pouvant transporter une centaine de passagers.
Un Ferry de la compagnie mexicaine Ultramar assurant les voyages la localité balneaire de Cancun(Puerto Juàrez) et la Isla Mujeres. |
Il faudrait que le Congo sorte un peu du giron français et noue des relations économiques avec des pays dynamiques du tiers monde comme le Mexique. Cela va permettre aux Congolais de diversifier leurs stratégies de développement.
Comment
créer de la richesse économique en pleine crise du marché pétrolier ?
Au moment où le président de la République invite
l'ensemble des acteurs nationaux et étrangers à investir pour soutenir la croissance et où la Délégation
Générale des Grands Travaux travaille d’arrache-pied pour équiper notre pays
des grandes routes, une priorité doit être donnée à des solutions performantes
qui créent de la richesse au Congo sans dépendre du marché international du pétrole.
Les activités commerciales dans l'enceinte du port d'Oyo. |
Si nous pouvons investir environs quelques 4 milliards
d'euros d'investissements d'infrastructures de transport, dans la construction
des microcentrales électriques et des pôles universitaires dans les
départements, nous pourrions arriver à un tel miracle de croissance de PIB.
D'où viendrait la
création de richesse économique au Congo-Brazzaville ?
La construction des voiries de Ouesso, dans la Sangha. |
La création de richesse économique au Congo proviendrait de quatre
facteurs : « des cerveaux, bien formés, qui travaillent, en synergie ».
1 : l'homme est à l'origine de la production des biens et services qui lui sont indispensables pour
vivre de façon harmonieuse et équilibrée. Quand toutes les conditions sont réunies
pour que le cerveau de l’homme travaille
convenablement, il peut déplacer même les montagnes.
Une voirie de Ouesso en face de l'agence de la BEAC |
Ceci étant dit, indépendamment du prix du baril du pétrole, tout citoyen congolais a le droit de se
loger sous un toit couvert, en ayant accès à l’eau potable et du courant disponible en
tout temps.
2 : l’homme a besoin d'une
formation de haut niveau, tant intellectuelle que manuelle, pour utiliser à
plein son potentiel de création. Étudier les concepts théoriques c’est
bien, mais une image vaut mieux que mille mots.
Une maquette de la future Université de Kintélé |
Il faut que les écoles congolaises, soient telles secondaires, professionnelles ou universitaires, soient équipées des laboratoires, des
ordinateurs, des logiciels et des ateliers pratiques pour pouvoir former des vrais professionnels, capables de répondre à n’importe quel type de défis.
3 : il faut bien entendu que l’homme consacre à ses activités un temps sensiblement proportionnel à
sa durée de vie pour créer, en quantité voulue, les biens et services attendus.
Le travail libère l’homme Congolais!
Les nouvelles résidences universitaires de Kintélé en construction |
L’État Congolais devrait inciter les Congolais au
travail et non à l’assistanat comme ce qui se passe aujourd’hui. Il faut dégraisser
les effectifs et la masse salariale de la fonction publique, au profit des
programmes des subventions pour la création des petites et moyennes entreprises
et le travail autonome. Il faut plus de contrôle sur les contrats de travail
dans le secteur public. Il existe trop de fonctionnaires fictifs à Brazzaville
qui gagnent des salaires sans travailler. Cette fonction publique parasite devrait voir son effectif réduit à moitié. Celui qui ne veut pas travailler, tant pis. Il ya beaucoup de Congolais qui veulent travailler et n'ont pas cette opportunité.
La future faculté des sciences de l'Université Denis Sassou Nguesso à Kintélé en construction |
4 : le quatrième facteur, « en synergie », illustre un
phénomène économique social au Congo, celui de l'exode rural et le manque de défis
personnels dans les emplois occupés.
Les jeunes fuient les campagnes où ils sont nés et ont
grandi pour aller se réfugier dans les grandes villes pour gonfler les rangs des
chômeurs. Ils préfèrent accepter cette situation fatale que de mourir au
village où ils doivent parfois passer des mois sans voir un véhicule provenant
de Brazza. Ils ne veulent plus passer toutes leurs vies sans électricité, sans télévision, sans
carnaval ni matchs de football les week-ends.
Un village des environs d'Oyo, en allant vers Edou. |
Si les villages congolais sont tous desservis par des réseaux de
transport performants, et que les gens peuvent aller et revenir le même jour,
la situation ne serai pas la même qu’aujourd’hui. Un jeune homme pourrait quitter Souanké et
venir découvrir que Brazzaville est une ville trop peuplée, trop encombrée,
polluée…
Il pourrait alors envisager de retourner au village, où il menait déjà une
meilleure qualité de vie avec un travail qui lui rapportait des
revenus. Au village il avait déjà les facilités de se payer une connexion internet, aller à la plage ou
encore profiter de la belle nature.
Grâce à la route bitumée, les jeunes de Souanké, Sembé et Ketta n'auront plus peur de mourir au village. |
Le fait que l’on peut désormais quitter Ouesso en bus
pour aller guetter les opportunités d’affaire à Pointe-Noire et vice versa, va
transformer peu à peu les mentalités et le visage socioéconomique du pays.
Avant le Congolais ne voulait pas bouger par simple peur. La peur(par exemple) d’aller à
Okoyo, dans l’inconnu, pour ne peut-être plus avoir la possibilité de revenir à
la maison. Mais maintenant avec les nouvelles routes nationales, plus l’axe régional Oyo-Boundji-Okoyo, nous allons devoir enrayer cette
peur. Car la création est une victoire sur la peur.