Barack Obama a découvert La Havane dimanche lors d'une visite historique, en famille et sous une pluie battante, devenant le premier président américain en exercice à se rendre à Cuba depuis la révolution castriste de 1959. Cette visite, aux allures de contes de fées, a aussi définitivement enterré le communisme à Cuba. Le voyage du président Obama est une succession de faits de transformation de système économique et politique, amorcée depuis 5 ans, qui suit un processus irréversible.
La Playa Santa Marìa, à 30 km de val ville de Santa Clara(Cuba), est l'une des 7 merveilles des Caraïbes. |
«¿Que bola Cuba?» («Comment ça va Cuba ?»), a lancé M. Obama
sur son compte Twitter en utilisant une expression populaire, quelques secondes
après l'atterrissage d'Air Force One sur l'aéroport Jose Marti.
Barack Obama, sa femme Michelle et leurs deux filles, Malia,
17 ans, et Sasha, 14 ans, ont parcouru à pied les rues détrempées de la vieille
Havane.
Air Force One juste avant son aterrissage à l'aéroport José Martì de la Havane. |
Mais la pluie et un impressionnant déploiement de forces de
police ont contribué à vider cette partie de la ville, classée au patrimoine de
l'Unesco, déjouant un peu les plans du couple Obama, adepte de la simplicité et
des bains de foule.
La famille Obama s'est notamment rendue dans la cathédrale
de La Havane, trésor baroque du XVIIIe siècle où elle a rencontré le cardinal
Jaime Ortega, un des artisans du rapprochement américano-cubain.
Avec ce voyage, M. Obama a démontré une fois de plus que sa
stratégie de politique de détente et de rapprochement avec l’île antillaise
était la meilleure solution pour enterrer définitivement le communisme et c’est un processus irréversible.
Une touriste américaine pause devant une vieille voiture de fabrication américaine à la Havane(Cuba). |
Pour moi qui ai vécu durant 14 ans dans ce cher pays, devenu
de facto ma seconde patrie, je vis cet évènement historique comme si j’étais
encore à Cuba. J’aurai aimé être sur place pour suivre les émissions radiotélévisées locales, afin d'écouter ce que l’élite politique et intellectuelle en pense.
Playa Giron, la Havane, Cuba. Toujours aussi superbe avec son sable fin. |
Quand
je vivais encore surplace (jusqu’ au début des années 2000), il ne se passait pas un
seul jour sans entendre des critiques et insultes sur le gouvernement
américain dans les médias. Fidel Castro n’avait jamais fait un seul discours sans critiquer la
politique impérialiste du pays de l’Oncle Sam et ses inégalités sociales. Mais les choses ont changé depuis...
Il faut reconnaitre que l’avènement au pouvoir d’Obama, le premier
président noir des États-Unis, a beaucoup contribué aux évènements.
Premièrement, Barack Obama est très populaire au sein de la population cubaine
et surtout les Afro-cubains.
La visite de Brack Obama fait fureur chez les noirs et metisses de Cuba |
La population cubaine (11 millions d’habitants)
est hétérogène et bien repartie avec une petite majorité blanche, suivie des
métisse et ensuite des noirs. Mais il n’y a pas une race qui écrase une autre, bien
que lorsqu’en regroupe les métisses et les noirs ensemble ce sont les
Afro-cubains qui deviennent largement dominants. Hors ces derniers ont toujours
été sous-représentés dans la scène politique et intellectuelle, y compris dans
les institutions universitaires.
Barack Obama inspire beaucoup de respect et d'admiration auprès des Afro-cubains |
À partir de ce fait, les dirigeants cubains savaient que la
politique des virulentes diatribes contre le mandataire américain actuel n’aurait
pas d’échos au sein de sa population. À partir de 2008, l’idéologie des castristes a dû donc se réajuster
progressivement. Le pragmatisme du nouveau président, Raul Castro, a aussi facilité
les choses énormément. Depuis 2008 plusieurs interdictions sur les Cubains
furent levées, comme le droit de voyager à l’étranger et aller s’établir
ailleurs si les moyens le permettaient.
Le secteur informel et plusieurs
secteurs de services se sont aussi privatisés. Depuis 2010, l’État Cubain n’harcèle
plus les travailleurs autonomes qui œuvrent dans l’informel et le commerce du
détail comme avant.
Evan Longoria, la star des Rays de Tampa Bays, sera de la partie demain contre l'équipe nationale de Cuba. |
Cependant, les vraies avancées obtenues dans ce rapprochement
ont été rendues possibles après 18 mois de négociations secrètes avec Raul
Castro, qui ont débutées le 17 décembre 2014. Compte tenu de l’âge très avancé du président
cubain (84 ans), nous pouvons donc affirmer que la fin du régime communiste est irréversible
et imminente.
Ariel Borrero, la star du baseball de Villa Clara(Cuba), sera de la partie demain contre les Tampa Bays. |
Toutefois, l’idéale serait que les Américains ne poussent
pas trop fort pour un changement impulsif et brutal. Le socialisme a essoufflé l’économie
cubaine, certes, mais elle a aussi apporté des bonnes choses à son peuple. Son modèle gratuit
de santé publique et de l’éducation pour tous n’a pas son pareille dans le
continent américain. Mais ce qui fait la force de Cuba de nos jours, c’est la tranquillité de
sa société. C'est un pays où l’on peut se promener n’importe où et à n’importe quelle heure
sans se soucier. À Cuba, on peut affirmer, les yeux fermés, qu'il y'a la paix et la tranquilité des esprits.
Un vol à main armé en plein jour à Caracas(Vénézuela). Il y'a beaucoup d'insécurité dans la majorité des pays d'Amérique latine. |
Contrairement aux autres pays de l’Amérique latine, ils sont épargnés des violences politiques et sociales. La délinquance aggravée et
criminelle que l’on retrouve un peu partout en Colombie, au Pérou, au Panama et
même chez la voisine République Dominicaine, est inexistante à Cuba.
Au Venezuela,
par exemple, le pays est en train de vivre une vraie guerre civile qui n’a pas
de fronts, ni d’ennemis déclarés. Les gens se procurent des armes à feu
facilement en ville, et dans les quartiers défavorisés les querelles entre voisins se
règlent à coups de machettes et de couteaux.
Le Vénézuela est en train de vivre une tragédie nationale avec l'un des taux d'homicide les plus élévés du monde. C'est une guerre civile de tous contre tous. |
Nous ne voulons pas voir notre linda Cuba sombrer comme ses frères de l’Amérique latine. Au Contraire, nous voulons que Cuba utilise cette expérience pour aider et inspirer les autres comme en témoigne son implication pour une sortie de crise négociée en Colombie.
Des groupes paramilitaires colombiens à Buenaventura(Choco). |
Profiter simplement des moments
En tout cas, pour ce qui nous concerne aujourd’hui c’est la
jolie et spectaculaire visite de la famille Obama qui nous rend heureux. Demain, ils vont tous assister à un match amical de
baseball entre la sélection cubaine et l’équipe des Rays de Tampa Bay, au Stade Latinoamericano de la Havane.
Les Rays de Tampa Bay(USA) vont croiser la sélection cubaine du baseball demain au stade Latinoamericano de la Havane |
Selon la Maison-Blanche, aucune rencontre n'est prévue avec
l'ex-président Fidel Castro, âgé de 89 ans. Mais nous souhaitons vivement que
cette rencontre ait lieu. Fidel Castro est une figure historique incontournable
à Cuba. Il a aussi été un fervent soutien pour la lutte contre la ségrégation
raciale et l’égalité des races partout dans le monde. Pour un dirigeant comme Barack Obama qui partage aussi ces valeurs, refuser de
rencontrer Fidel serait une erreur de l’histoire.
Luis Robert Moiran est l’une des principales promesses du
baseball cubain
|
Quelques soient les critiques contre nos décisions, nous devons nous réjouir des
petits progrès et regarder l’avenir avec optimisme.
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