jeudi 23 juin 2011

La pêche, un secteur stratégique en développement en République du Congo


Avec une consommation moyenne de poisson de 25 kilos par habitant chaque année, c’est-à-dire le taux le plus élevé des pays africains ouverts sur l’océan atlantique, le secteur de la pêche joue un rôle économique important au Congo, notamment en raison de sa contribution à l'autosuffisance alimentaire.

Le poisson fournit 41% des disponibilités de protéines animales du pays. L'industrie halieutique nationale joue aussi un rôle important dans l'emploi avec quelque 3000 personnes et le potentiel exploitable des eaux maritimes est estimé à 80.000 tonnes par an contre 1.000.000 tonnes pour les eaux continentales.


Les exportations de crevette permettent de faire rentrer les devises au pays. Celles-ci contribuent à réguler la balance de paiement du pays.

La structure et les caractéristiques de l’industrie de la pêche au Congo se caractérisent comme suit :

1 Pêche maritime

La pêche maritime Congolaise dispose d'un potentiel annuel exploitable de l'ordre de 70 000 à 100 000 tonnes, qui se répartit comme suit:

- 70.000 à 85.000 t/an de poissons pélagiques.

- 8 000 à 13.000 t/an de poissons démersaux. - 3 000 t/an de crustacés

Cette ressource multi spécifique est exploitée au niveau industriel et au niveau artisanal.



2 La pêche maritime industrielle

La pêche industrielle concerne les espèces démersales, pélagiques et les crustacés, destinés en grande partie au marché local. Les crustacés et quelques espèces démersales dites nobles sont destinés à l'exportation.

En l'an 2005, la pêche industrielle fonctionnait grâce à dix armements avec une flottille de vingt-neuf navires basés au port de Pointe-Noire, parmi lesquels on comptait:

- 3 sardiniers

- 22 chalutiers

- 4 crevettiers

Des chalutiers en bois, come celui-ci au Canada, doivent être construits.
Cette flottille était déjà en nette régression du point de vue du nombre, comparativement au cinq précédentes années. Malgré un contexte économique difficile, le rôle du sous-secteur de la pêche industrielle demeure non négligeable. Toutefois, l’aire de pêche connaît progressivement un rétrécissement avec le développement croissant de l'industrie pétrolière off-shore.

3 La pêche maritime artisanale

La pêche maritime artisanale se pratique à bord d'embarcations de deux types: Popo et Vili.

Le type Popo provient du Ghana avec une longueur de 14 mètres et une largeur de 1,5 m( équipage de 5 à 6 hommes). Ce type de pirogue peut contenir 120 à 140 caisses de poisson. Le poids d'une caisse variant entre 12 et 15 kg.


Des pêcheurs beninois de Pointe-Noire.
Le coût de cette pirogue est très élevé. Elle dispose d'une durée de vie allant de 15 à 20 ans, et, est propulsée par de moteurs Hors-Bord de 25 CV- 40 CV. Aujourd’hui il en existe environs 300 pirogues de ce type.

La pirogue de type Vili est monoxyle et de fabrication locale. Elle peut atteindre une longueur de 5 à 6 mètres et une largeur de 0,8 m. Cette pirogue compte un équipage de 2 à 3 personnes et dispose d'une capacité de 60 à 70 caisses de poisson par marée. Sa durée de vie avoisine 10 ans.



Le taux de motorisation de ce type de pirogue est de l'ordre de 15 pour cent. En 2005, on en dénombrait à peu près 1 093 pirogues de ce type.

Les embarcations de type Popo sont exploitées, pour la plupart, par les pêcheurs Béninois, Ghanéens et Togolais, tandis que les embarcations de type Vili sont exploitées par les autochtones.

Ces différentes pirogues opèrent le plus souvent à partir des plages situées aux alentours de la ville de Pointe-Noire et le long du littoral.


Pirogues et barques entassées le long de la plage à Pointe Noire.
Deux établissements Chinois utilisant des embarcations modernes équipées de chaluts manuels et de filets dormants participent aussi à la pêche artisanale dans les eaux Congolaises.

Les principales espèces les plus pêchées sont: les bars, les soles, les dorades roses, les dorades grises, les petits capitaines les sardinelles et les crevettes. Les outils les plus couramment utilisés sont: les filets maillant dérivants ou calés.

4 La Pêche continentale


Au niveau intérieur, la pêche est concentrée principalement dans deux grands bassins, notamment: le bassin du fleuve Congo et le bassin du Kouilou-Niari. Ces deux bassins disposent des fleuves et de leurs affluents, des rivières et des lacs.

Cette pêche est pratiquée dans tout le territoire à des échelles très variées, par des pêcheurs, pour la plupart démunis, et dont la situation a été aggravée par les inondations et les guerres de ces dernières années. Elle est plus active dans la Cuvette Congolaise, plus précisément à Mossaka(photo ci-dessous), où les potentialités biologiques sont de l'ordre de 100.000 tonnes par an.


Mossaka est le bassin des poissons de la cuvette congolaise.

La pêche continentale compte 13 200 pirogues monoxyles fabriquées localement ou provenant du Congo Démocratique. Elle est pratiquée à l'aide d'une diversité d'engins et de techniques de pêche tels que: les filets maillants dérivants ou calés de surface ou de fond; des lignes et des armes de choc.

Parmi les principales espèces capturées, on trouve le poisson tigre, localement appelé Mbenga(photo), une espèce très féroce et unique en son genre à cause de sa taille et l’étanchéité de ses dents.


Les bassins du Congo et du Kouilou-Niari semblent ne pas être pleinement exploités. Les contraintes majeures de ce secteur sont essentiellement l’éloignement et l’inorganisation des pêcheurs, l'enclavement des sites de pêche, le manque de matériel et d'engins de pêche performants (approvisionnement difficile, coût élevé), le manque d'installations de traitement du poisson après capture et de moyens de transports adéquats pour alimenter les centres urbains.



Ce bassin est très riche crevettes d’eau douce, avec un peu d’effort le gouvernement pourrait créer une zone économique de développement exclusivement réservé aux crevettes d’eau douce dans ce secteur. C’est l’exemple que la Côte d’Ivoire a suivi avec la ville portuaire de San Pedro qui ne fonctionne que pour l’activité de la filière du cacao.

5 Aquaculture

L'aquaculture bénéficie de conditions naturelles très favorables; toutefois, elle reste encore peu active. Les activités piscicoles au Congo ont démarré dans les années 50. La production était encore faible.



De 1981 à 1991, le secteur de l'aquaculture a bénéficié d'une assistance importante dans le cadre d'un projet PNUD/FAO. Dans la zone du projet, les rendements des pisciculteurs sont passés de l'ordre de 1 tonnes/ha/an en 1982 à 3,37 tonnes/ha/an en 1991.

Toutefois, faute de suivi, la production a chuté jusqu’à 25 tonnes actuellement, après avoir stagné autour de 250 tonnes entre 1989 et 1991.

Suite aux conflits récurrents de 1994,1997 et 1998 qui ont ruiné tous les efforts de relance de la pisciculture en zone périurbaine, la situation actuelle est caractérisée par la cession des stations piscicoles de l’état, à des acteurs privés, tandis que d’autres sont dans un programme de réhabilitation pour servir de centre d’appui technique.

Le programme spécial de la sécurité alimentaire (PSSA) a aussi récupéré certaines stations piscicoles pour des activités de démonstration en zone rurale.


La situation parmi les producteurs privés en zone rurale est désastreuse et caractérisée par:

• l’absence presque totale d’agents d’encadrement (vulgarisateurs);

• le manque d’intrants aquacoles appropriés: alevins de bonne souche, aliments performants, fertilisants organiques;

• l’absence de moyens roulants pour les structures d’encadrement.

Aussi un grand problème c’est l’absence d’une politique législative sur la gestion de la ressource halieutique. Dans la cuvette, par exemple, on pêche toute l’année sans laisser le temps aux espèces de se reproduire; ce qui fait que le poisson commence à se faire rare dans les eaux jadis poissonneuses de l’axe Mossaka-Loukolela-Liranga.

(à suivre)

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