La chute du
prix du pétrole à 40-45 dollars le baril pèse énormément sur le Congo, dont
l’État tire à plus de 80% de ses recettes sur cette ressource. Cette tendance
devrait perdurer avec le retour en force imminent de l’Iran (4e en termes de
réserves pétrolières mondiales) sur le marché international.
Ce retour en force
de l’Iran sur le marché va augmenter l’offre mondiale du pétrole. Les prix vont
encore sensiblement baisser, car l'Iran voudrait combler son déficit financier
au sortir des sanctions qui lui sont infligées par les grandes puissances
internationales.
Cette
situation désagréable se fait déjà sentir aujourd'hui au Congo où tous les
chantiers sont en standby. L’État congolais n’arrive plus à tenir ses engagements
et délais de financement auprès de ses partenaires pour les grands travaux.
Pour ne pas arranger les choses, la Chine, son principal partenaire économique,
est aussi en crise actuellement. La récente crise du carburant qui paralyse
Brazzaville et Pointe-Noire depuis deux semaines, vient encore s'ajouter pour
enfoncer le clou.
La coopération sino-congolaise connait un frein à cause de la crise économique internationale. |
Cette crise du carburant paralyse la vie économique
des deux plus grandes villes du pays, avec comme conséquences la flambée des
prix des marchandises et des délestages électriques intempestives. Cependant,
nulle n’est question de céder à la panique et la fatalité. Le gouvernement congolais peut encore
redresser la situation en prenant des mesures fermes et pragmatiques.
Le Congo
ne manque pas de ressources naturelles et humaines pour surmonter cette crise
économique. Mais le président Sassou devrait laisser de côté son système
politique qui entretien l’incompétence, le clientélisme et le culte de la personnalité dans le quotidien des congolais.
La plateforme petrolière de Djeno. |
Nous devons tous réunir
nos ressources et forces pour relancer les secteurs économiques qui sont porteurs d'espoir dans le marché international. Cela devra se faire en appliquant les
méthodes rigoureuses de la bonne gouvernance comme le font les dirigeants de l’Éthiopie
et du Rwanda.
Voici les
secteurs économiques émergents que le Congo peut relancer pour sortir de la dépendance
du marché du pétrole :
L’électricité thermique
Les turbines électriques de Moukoukoulou. |
La nouvelle
centrale hydroélectrique d’Imboulou inaugurée en 2011 tarde à offrir le rendement prévu sur le
réseau de distribution électrique nationale. Les travaux de construction du
barrage de Liousso(19,92 MW) connait un ralentissement dû aux financements. D’un
autre côté, les recettes des exportations pétrolières ont chuté de 60% de sa
valeur nominale. Allons-nous continuer à subir, en même temps,la crise financière et les délestages
électriques ?
Non, chers compatriotes, c’est l’un
ou l’autre mais pas les deux. La première décision à prendre est d’augmenter le
nombre de centrales électriques à gaz et des centrales thermiques dans le pays
afin de soutenir l’émergence d’une économie locale dynamique et émergente.
Sans energie on ne peut rien faire. Sans énergie on ne peut même pas se rendre au travail, ni se aller se faire soigner à l'hôpital. Tout développement comme par là. Malheureusement, nous avons pris la mauvaise habitude d'exploiter nos hydrocarbures pour les exporter et gagner des devises qui vont nous permettre encore d'acheter des biens de cossomation importés. C'est donc le cycle vicieux que nous faisons avec nos hydrocarbures. Pourquoi ne pas les exploiter pour booster d'autres potentialités encore endormies et ainsi diversifier notre économie?
La cimenterie Dangote, en construction dans la Bouenza, est l'un des projets prometteurs pour redynamiser l'économie congolaise. |
Sans energie on ne peut rien faire. Sans énergie on ne peut même pas se rendre au travail, ni se aller se faire soigner à l'hôpital. Tout développement comme par là. Malheureusement, nous avons pris la mauvaise habitude d'exploiter nos hydrocarbures pour les exporter et gagner des devises qui vont nous permettre encore d'acheter des biens de cossomation importés. C'est donc le cycle vicieux que nous faisons avec nos hydrocarbures. Pourquoi ne pas les exploiter pour booster d'autres potentialités encore endormies et ainsi diversifier notre économie?
La centrale à gaz de Djeno, à Pointe-Noire. |
Pour cela,
nous devons réduire nos exportations pétrolières et doubler les capacités de la
Coraf pour alimenter le marché national en produits raffinés: gaz butane, supercarburant,
carburéacteur, gasoil et fuel. Si la Coraf double sa capacité de
traitement du brut rapidement, ça nous donnerait la matière première nécessaire pour
construire plusieurs centrales thermiques et gazières en peu de temps. Si dans les deux années
à venir, nous pouvions augmenter la production électrique nationale de 20%,
grâce aux centrales thermiques, nous aurions fait un pas important vers l’élimination
des délestages électriques au Congo.
la récupération des gaz torchés à Pointe-Noire. |
Le revers de
la médaille de cette stratégie serait l’augmentation du niveau de pollution de nos villes. Mais que devrions-nous faire encore? Continuer de vivre sans électricité
dans un environnement naturel "écologique"?
Même sans exploiter des centrales thermiques, l'aire de nos grandes villes est deja très polluée avec des echapements de gaz des vehicules, motos et toute sorte d'engins qui circulent sans respecter les normes environnementales du pays. En plus de notre propre population, il faut ajouter celle des pays industrialisés qui nous penalisent déjà directement avec les changements climatiques des dernières années.
Nous n’allons pas attendre une « révolution industrielle verte » pour sortir du marasme économique. Nous avons
besoin de l’électricité pour soigner nos malades dans les hôpitaux. Nous avons
besoin de l’électricité pour éclairer nos écoles et supporter l’éducation
nationale. L’électricité nous permet de
soutenir nos activités économiques, pas seulement les grandes structures
économiques mais aussi les petits opérateurs locaux.
Même sans exploiter des centrales thermiques, l'aire de nos grandes villes est deja très polluée avec des echapements de gaz des vehicules, motos et toute sorte d'engins qui circulent sans respecter les normes environnementales du pays. En plus de notre propre population, il faut ajouter celle des pays industrialisés qui nous penalisent déjà directement avec les changements climatiques des dernières années.
La belle époque de la Comilog au Congo |
L’écotourisme
L'écotourisme
est l'un des secteurs qui connaît le plus fort taux de développement dans le
monde. Le Congo qui est l’un des grands poumons verts de la planète ne devrait
pas rester au bord de la rue de cette embellie financière. Nous avons les
ressources naturelles et les potentialités respectables pour offrir un bon produit
écotouristique sur le marché. Malheureusement, les autorités congolaises ne
prennent jamais le temps d’associer les collectivités locales et les opérateurs
économiques locaux dans ce genre de projets.
Alima Palace à Oyo. |
Nous avons l’exemple des projets
faramineux et fantaisistes de l’aéroport international d’Ollombo et de l’Hôtel
Alima Palace d’Oyo qui sont tombés à l’eau. Pourtant l’idée de ces projets
était intéressante et légitime. Cependant, le maître d’œuvre de ces projets n’a
pas tenu compte des réalités et des limites du marché avant de les démarrer.
Les villes d’Oyo et Ollombo ne sont pas encore prêtes pour abriter de telles
méga-infrastructures.
La nouvelle corniche de Brazzaville, encore en construction, va repositionner la capitale congolaise comme le premier pôle tourisitque du pays. |
Avant de
lancer un produit touristique, il faut d’abord créer un label qui se vend. Ce
label nous les avons avec nos parcs naturels de gros singes et notre paysage
fantastique. Ce qui nous reste à faire est seulement d’améliorer les infrastructures
de transports et de l’hébergement qui relient ces parcs naturels aux villes les
plus proches.
Il faut réhabiliter le chemin de fer de la Comilog pour faire renaitre luxuriante
ville de Makaba.
|
On n’avait pas encore besoin d’un grand aéroport international,
sinon juste des tous petits aérodromes pouvant accueillir des frets
commerciaux, des gares routières bien équipées et des petits ports fluviaux.
On devrait
développer au moins plusieurs axes de transport pouvant relier le couple
Oyo-Ollombo des parcs d’Odzala et Ndoki en si peu de temps. Un autre axe de
transport entre Ouesso- Ndoki; Ouesso-Lac Télé-Epena; Mossaka-Oyo-Ollombo.
La route Brazzaville-Pointe-Noire est presque en phase terminale au niveau de la Bouenza. |
Dans la
partie sud du pays, on réhabilite le chemin de fer de l’ancien Comilog pour le
connecter aux parcs de Mayombe via la route nationale Pointe-Noire-Brazzaville.
Tout au long de ces axes routiers, on construit des auberges, des campings de
cabanes en bois, des stations d’essence et d’approvisionnement en divers
produits de consommation, des Guest Houses(villas d’accueil), des gites
modernes en bambou…Bref, des infrastructures hôtelières qui répondent aux
normes de la biodiversité sont celles qui se vendent bien de nos jours.
L'aéroport international d'Ollombo. |
En matière
d’hébergement, là aussi on n’avait pas besoin d’un hôtel 5 étoiles au milieu de
nulle part à Oyo. On pouvait encourager des opérateurs économiques locaux de
construire des petits hôtels comme ceux qui inondent Brazzaville ces dernières
années.
La filière du cacao
Après une
longue période d’hibernation, le Congo a décidé de relancer sa filière du cacao
grâce à un partenariat public-privé. Le déclic est venu de la société
forestière malaise Olam qui s’est engagée à commercialiser le produit.
C’est un pas
important, certes, mais qui devra être amorcé avec rigueur et sérieux. Il ne suffit pas
seulement de se contenter d’un partenariat avec Olam. Il faut diversifier les
partenariats et les stratégies pour augmenter la production et la qualité du
cacao congolais. Le marché du cacao est l’un des plus stables du commerce
mondial. Il y’a définitivement des gains à chercher dans ce secteur.
L’une des
premières décisions devraient être d’accorder des subventions aux planteurs congolais actuels et à ceux qui veulent s’y lancer. Pour le début d’un projet pilote, il
faut créer des villages agricoles, comme ceux qui ont été construits à Igné,
qui se spécialiseront uniquement sur la culture du cacao. Les départements de
la Sangha, la Lékoumou, la Likouala et la Cuvette sont ceux qui présentent les meilleurs
atouts géographiques pour expérimenter ces nouveaux villages cacaoyers.
Le cacao congolais est encore perfectible de qualité. |
Dans chacun de ces
villages, on créera des laboratoires pour permettre le clonage des
plants améliorés de cacao qui apporteront des meilleurs rendements. Dans le cas
de la région de la Sangha dont les vergers sont nombreux, mais devenus trop
vieux et mal entretenus, il sera impératif de procéder à la régénération des
vergers à travers le greffage des jeunes plants.
Toutes ces
mesures sont nécessaires à relancer la production cacaoyère congolaise, en
quantité et en qualité, afin de retrouver sa compétitivité dans le marché international. Par
ailleurs, les subventions de l’État vont permettre de démarrer les activités et
d’accroitre les revenus des
producteurs pendant les périodes de non-production.
C’est aussi une manière de rentabiliser les énormes revenus
du pétrole qui jusqu’ici n’ont servi qu’à alimenter la bureaucratie, la corruption
et la culture de l'assistanat dans la mentalité congolaise.
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