Cimavax est un vaccin cubain contre le cancer du poumon |
On a toujours besoin d'un plus petit que soit. Connaissez-vous ce petit proverbe africain?
Le vaccin
contre le cancer du poumon mis au point à Cuba suscite tellement d’espoirs, que
les États-Unis (l'ennemi d'hier) ont payés des droits pour lui faire des essais
cliniques. Les résultats de ces tests devraient être disponibles pour le
prochain printemps.
Le Cimavax,
c’est son nom, est le fruit de 25 ans de recherches d’un groupe de
scientifiques du prestigieux Centro de Inmunología Molecular de la Havane. Ce
vaccin est déjà accessible gratuitement aux Cubains depuis 2011. Avec le
traitement contre le cancer des poumons associé à ce vaccin, plus de 1000
patients ont déjà été guéris à Cuba.
Lors de la
visite historique à Cuba du gouverneur de l’État de New-York, Andrew Cuomo, un
accord commercial a été signé avec le Roswell Park Cancer Institute de
Buffalo(New-York) pour l’importation et les essais cliniques du vaccin aux
États-Unis. Ce genre d’accords entre Cuba et les États-Unis étaient encore
impensable il y’a quelques années, mais c’est le fruit du grand travail réalisé
par le président Barak Obama pour dégeler les relations diplomatiques et
commerciales entre les deux pays.
Cimavax attaque les protéines qui permettent aux tumeurs de croître |
Le principe du Cimavax fonctionne de telle sorte que le produit va bloquer l’hormone qui favorise la croissance des tumeurs du poumon. Pour être plus claire, Cimavax ne soigne pas le cancer. C’est un vaccin qui cible la tumeur directement, en attaquant les protéines qui lui permettent de croître. Il y’a beaucoup de pays qui sont avancés dans la recherche d’un tel vaccin pour le cancer du poumon comme l’Argentine, l’Espagne ou eux-mêmes les Américains qui testent déjà deux types de leurs propres vaccins(le GVAX et le BLP 25). Mais ce qui rend le Cimavax plus intéressant et prometteur que tous les autres vaccins en étude, est l’espoir qu’il suscite pour traiter aussi les autres types de cancer tel que le cancer du côlon, des seins, des ovaires, du cou et de la prostate.
Comment un si petit pays peut en arriver là?
Cuba est un petit pays, mais avec un grand peuple et une jeunesse dynamique. |
Plusieurs experts du domaine de la biologie moléculaire et de l’OMS se demandent comment un si petit pays, démuni de toutes ressources naturelles, peut arriver à des telles prouesses scientifiques?
En effet, il peut paraître étonnant qu’un tel vaccin ait vu le jour à Cuba. Mais nous pourrions trouver plusieurs explications à cette question.
Infrastructures de recherche disponibles
En fait, l’île dispose depuis longtemps des infrastructures de base pour une recherche biomédicale de pointe, grâce aux importants investissements alloués à ce secteur par les autorités. Cuba possède plus de 30 centres universitaires et chacun possède son propre institut de biotechnologie de pointe, avec les équipements et outils a la fine pointe de la technologie.
Par exemple, l'Institut de Biotechnologie de l’université Centrale de Las Villas, à Santa Clara(centre du pays), est une institution dans une institution. C'est un vaste bâtiment de quatre étages qui a comme voisine la faculté des sciences agropastorales. Il est équipé de plusieurs laboratoires, salles de classes, d'un centre de recherche en micro-informatique, un amphithéâtre, un groupe électrogène pour assurer son autonomie en cas de délestage électrique, des aires réservées pour l’expérimentation des plantes entre autres.
l'Institut de Biotechnologie de la Universidad Central de Las Villas(Santa Clara). |
Un système éducatif base sur la qualité et le rendement
Créer des centres de recherche ne suffit pas pour avoir des résultats probants, surtout dans un système communiste. Il faut aussi avoir du personnel qualifié et compétent.
Dans ce domaine aussi Cuba, avec son système d’éducation gratuite pour tous, excelle pour offrir à tous les Cubains un niveau d'instruction minimum. Pour augmenter le quotient intellectuel des enfants, la Révolution Cubaine a opter pour une approche plus pragmatique et visuelle depuis les cycles primaires et secondaires. Les enfants font beaucoup de cours de desseins général et technique.
Dans chaque école primaire et secondaire, il doit y avoir un laboratoire de dessin technique, un laboratoire de musique et des danses, avec des ateliers de bricolage. Dans ces ateliers de bricolage, on apprend aux élèves comment fabriquer des petits outils de ménage comme les raclettes tire-eau, des balais, des petites cases a oiseaux, des petits véhicules pour les laboratoires de physique etc.
L'éducation étant gratuite pour tous, les autorités cubaines
ont pris conscience très tôt qu'ils pourraient se retrouver dans la même
situation que des pays avec une population surqualifiée comme l'Iran, L'Égypte
ou le Maroc. Dans ces pays, posséder un diplôme de doctorat est devenu un prérequis
d'embauche presque banale. L'éducation supérieure cubaine mise sur la qualité
plutôt que la quantité.
A partir de la fin du cycle secondaire, les élèves
commencent à se parer à Cuba. Parmi les admis du secondaire, seul 35% de la
promotion(les mieux classés par rendement académique) est admis dans les lycées
pré-universitaires. Les autres 65% de la promotion vont soit suivre une courte
formation professionnelle ou intégrer les forces de sécurité.
Après 3 ans d'études collégiales pré-universitaires, les
lycéens du cycle ordinaire doivent satisfaire à un concours d'admission à
l'université en mathématiques et en espagnol. Ici aussi on ne prend pas tout le
monde. Le ministère de l'éducation va définir un quota des étudiants admis dans
les universités au prorata des moyennes obtenues et de la demande du marché
professionnel.
Il y'a des lycées d'excellence qui fonctionnent dans un
programme de coopérative avec les entreprises. Ce sont des écoles de sciences
exactes qui n'accueillent que les meilleurs étudiants venus du secondaire. Ces
écoles de sciences exactes sont celles qui ont la charge de former la crème des
crèmes de la Révolution. Elles ne sont réservées qu’aux citoyens cubains.
Les élèves y sont regroupés dans des sciences exactes comme
l'électronique, l'informatique, la biologie, les mathématiques ou la physique.
Pour y demeurer, il faut avoir une moyenne minimale au tour de 92 ou 94%, qui
sont pourtant largement supérieures à la moyenne de passage des écoles normales
60%.
En plus de la moyenne minimale, les admis son soumis à un
système de relégation que l'on pourrait assimiler aux championnats de football
professionnel. Les deux ou les quatre derniers admis en classe supérieur,
dépendamment du prorata défini d'avance, doivent quitter le programme
d'excellence pour intégrer un lycée normal.
Le rectorat de la Universidad Central "Marta Abreu" de Las Villas |
Cimavax est aussi disponible dans des petits flacons. |
L'instinct de survie à Cuba
Renommée pour ses fameux cigares, mais aussi pour ses cigarettes de marque “Popular”, Cuba paie aussi malheureusement un lourd tribut au tabac: le cancer du poumon est la quatrième cause de mortalité sur l’île. De quoi justifier les 25 années de recherches que les scientifiques cubains ont consacrées au Cimavax. Peu coûteux et bien toléré par le corps humain, ce vaccin thérapeutique est administré aux personnes déjà atteintes par la maladie. Il permettrait d’allonger leur durée de vie de 6 à 8 mois en moyenne.
Le tabac est l'une des causes mortelles des infections de poumons chez les Cubains. Ici, c'est Fidel Castro quand il fumait encore. |
Les Cubains, à chaque fois qu’ils se sont sentis menaces par
un fléau de sante grave, comme ce fut le cas de l'épidémie de la dingue qui
toucha près de 350 milles personnes en 1981, ils ont toujours su sortir les
gros bras pour vaincre ce fléau avec leurs moyens de bord. Cet esprit de lutte,
cet esprit de ne pas abandonner face à la fatalité leur a permis d'inventer des
vaccins efficaces comme ceux pour contrer la méningite B et l’hépatite B.
Le personnel scientifique cubain est bien qualifié pour répondre aux défis de la santé publique. |
Au Congo-Brazzaville, malgré tous ces médecins que le pays a
envoyer se former un peu partout dans le monde(y compris Cuba), on n'a jamais
pu vaincre le paludisme. Il ne se passe pas un jour au Congo sans que des dizaines
de patients meurent pour le paludisme, l'hypertension et même la fièvre jaune
qui a refait son retour en force dans le pays après que les colons français
l'eurent vaincue. La légèreté et le manque de professionnalisme du personnel
soignant, dans les hôpitaux congolais, est tellement chaotique que les gens
oublient parfois l'existence de la mort.
Puis, comme a dit l'écrivaine Madeleine Chapsal, quand
survient le moment de la séparation définitive avec un être aimé, plus rien ne
compte plus, aucune préparation ne vaut: c'est chaque fois l'effondrement au
Congo.
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