mardi 8 novembre 2016

CM Russie 2018 : Ouganda-Congo, ce qui a changé depuis 2012


La sélection du Congo affronte l’Ouganda ce samedi 12 novembre pour la deuxième journée des éliminatoires du Mondial 2018. Un adversaire qu'elle avait déjà rencontrée dans un match triste et amer, en 2012, que les Congolais ne sont pas prêts d’oublier (défaite de 4-0).



Lors de cette double confrontation, le Congo avait remporté la manche aller (3-1) à Brazzaville, pour le compte des éliminatoires de la Can 2013. Au match retour, à Kampala, les Congolais furent terrassés par un score sans appel de 4-0 et avaient raté la Can 2013. Cette fois-ci les choses ont beaucoup changé depuis et nous pouvons affirmer que le Congo est prêt à régler ses vieux comptes avec l’Ouganda.


Beaucoup de changements dans l’effectif du Congo, mais très peu du côté ougandais


 
La sélection ougandaise de football
L’équipe des Diables Rouges ayant joué ces deux matchs de barrages de 2012 a bien changé depuis. Côté ougandais, le visage de l’équipe de 2012 n’a pas beaucoup changé car à cette équipe, ce groupe dirigé par Bobby Robson faisait partie d’un projet de reconstruction. C’était une très jeune et athlétique formation ougandaise, composée des joueurs locaux, qui avaient bousculé les Congolais comme s’ils étaient d’une autre planète foot. 

Les meilleurs éléments de cette équipe étaient le virevoltant meneur de jeu Moses Oloya, le gardien Denis Onyango et le puissant attaquant Geoffrey Massa. Tous ces 3 joueurs sont toujours des titulaires indiscutables de cette équipe, qui compte quand même sur l’injection de quelques jeunes nouveaux talents comme Joseph Ochaya, Luwagga Kizito et l’excellent milieu du terrain Farouk Miya(Standard de Liège, D1 Belge).

Geoffrey Massa, le robuste attaquant ougandais, est aussi bon techniquement avec le ballon.


L'Ouganda garde le même système de jeu. Soucieux de bien défendre, les joueurs du coach serbe, Sredejovic, évoluent dans en 4-3-3 avec un trio de choc en attaque formée par Massa, Omony et Okwi, tous les 3 étant des puissants athlètes. Les Ougandais s'appuient sur un jeu très physique, sur des longs ballons en profondeur et sur le danger généré par les coups de pied arrêtés.

Farouk Miya est le plus grand espoir du football ougandais actuel.


Le Congo, de son côté, a complètement changé de visage. De cette équipe de 2012, dirigée par le Français Jean Guy Walleme il n'en reste qu’un seul joueur : Fodé Doré. Fabrice Ondama et Delvin Ndinga ayant déclaré forfait pour blessure et raisons personnelles respectivement.

Delvin Ndinga refuse de rejoindre la sélection pour avoir été pointé du doigt comme responsable de plusieurs échecs dont celui de Kampala 2012.
Le groupe congolais a été quasiment renouvelé dans son entièreté par l’entraineur français, Pierre Lechantre, après l’élimination pour la Can 2017. Le gardien de but titulaire, Christopher Mafoumbi, est blessé et la place revient au vétéran Gildas Mouyabi qui effectue un retour controversé en sélection. En défense, Francis Nganga, en difficulté contre les véloces formations de l’Afrique de l’Est, a été écarté de la sélection pour céder sa place à Arnold Bouka de Dijon(France). Enfin la paire des capitaines Prince Oniangué et Delvin Ndinga ont aussi laissé leurs places à un trio du milieu qui tourne autour du récupérateur défensif Jordan Massengo. Le reste du groupe est composé des joueurs locaux qui devraient apporter leurs contributions complémentaires.
 
Le Congo change de direction sous la houlette de Thievy Bifouma
Avec le forfait de Fabrice Nguessi, l’attaque sera animée par le duo de choc Thievy Bifouma et Fodé Doré. Un autre renfort de poids est la venue de Delarge Dzon, le supersonique attaquant du club turc d’Osmanlispor.

Des styles de jeu inamovibles

Des deux côtés, les systèmes tactiques sont très similaires. Les deux pays ne possèdent pas des grandes figurent reconnues, mais ont une grande culture pour le football de la rue.  Les deux équipes présentent des différents styles de jeu qui ne varient jamais de génération en génération. Les Ougandais misent beaucoup sur le style de jeu se basant sur le kick and rush britannique, c.-à-d. jouer des longs ballons, faire des courses et essayer de dominer le jeu aérien. Les Congolais préfèrent le style de finesse a une touche de balle, avec une projection rapide vers l’attaque.

Le jeune espoir Luwwaga Kizito attend son heure avec la sélection ougandaise.

En 2012, ce qui avait fait la différence dans le score du match est que le Congolais ont manqué de jus et d’envie face à un adversaire pourtant limité techniquement. Des cadres comme Fabrice Ondama, Delvin Ndinga, Francis Nganga, Mael Lépicier et le gardien Barel Mouko avaient trahi l’équipe en présentant un visage pâle et affligé devant l’adversaire. Très tôt dans le match, ils ont opté pour la stratégie d’endormir le match pour essayer de perdre du temps en simulant des blessures, en balançant des longs dégagements en défense et en jouant à un rythme de jeu très lent. Cette attitude attentiste visant a désespérer le moral des Ougandais, qui avaient besoin de gagner par 2-0, a produit l’effet contraire en créant le doute et le manque d’assurance dans le camp congolais. Seuls les attaquants Chris Malonga et Lys Mouithys avaient montré l’envie et la capacité de faire quelque chose de plus ambitieux.

Le gardien Barel Mouka avait eu une grande part de responsabilité lors de cette humiliante défaite de Kampala 2012.

Un autre facteur qui avait aussi pesé sur le résultat de ce match fur le très mauvais arbitrage du collège des arbitres marocains. Ce jour-là l’arbitra marocain avait accordé un penalty imaginaire a l’équipe locale pour le second but. Par contre, il n’a pas voulu siffler un penalty incontestable sur une faute commise sur Mouithys en pleine surface de réparation. Ces deux actions avaient sans doute causé le tournant du match.

Cependant, pour ce samedi les choses seront bien différentes. Les forfaits en cascade enregistrés de la part de Christopher Samba, prince Oniangué, Delvin Ndinga et Fabrice Ondama ne vont pas affecter le moral congolais. Les Diables-Rouges comptent sur le leadership et les buts de Fodé Doré, la force de Jordan Massengo et Boris Moubio, le courage de Merveil Ndockyt et Arnold Bouka et la puissance de Delarge Dzon. En bonus, Pierre Lechantre a enregistré l’arrivée contre toute attente de son attaquant-vedette Thievy Bifouma, pourtant annoncé indisponible durant le week-end dernier.

Fodé Doré est le seul rescapé de la débâcle de 2012 en Ouganda.
Les joueurs d’aujourd’hui sont beaucoup plus courageux que ceux qui avaient pris part à la débâcle de 2012. Dans l’équipe de 2012, le seul vrai leader était le défenseur Bruce Abdoulaye. Un autre facteur a ne pas négliger est que cette formation rénovée du Congo est en majorité formée des joueurs locaux, ce qui est un atout très important face a l’une des meilleures équipes typiquement anglophone de l’Afrique de l’Est. En 2012, le coach Walleme n’avait pas utilisé un seul joueur évoluant dans le championnat local, malgré le fait que les joueurs de l’AC Léopard étaient dans un grand moment de l’histoire du football congolais avec une campagne impeccable lors de la Coupe CAF.
 
Le jeune Imouelé Zabrown fait partie de ces nombreux footballeurs locaux qui ont rejoint la sélection congolaise.
Le football africain est très physique, surtout en déplacement dans un environnement hostile, l’expérience du terrain compte pour beaucoup. Nos joueurs expatriés sont pour une grande majorité des joueurs sans expérience du football international. Ils jouent dans des petites ligues en France la ou l’affluence dépasse rarement les 3000 personnes. Par contre, la sélection ougandaise est composée en majorité des joueurs locaux aguerris, qui jouent dans une ligue qui est devenue professionnelle depuis quelques années. 

La forte affluence dans les stades ougandais a favorisé l’émergence d’une ligue locale très compétitive. Avec ces genres de formations africaines, soit vous les opposer avec des grand professionnels venus d’Europe comme les Ivoiriens, Sénégalais ou Camerounais ; ou vous laisser jouer contres des joueurs évoluant en Afrique qui ont de l’expérience pour des compétitions internationales. Il faut laisser les mafieux combattre la mafia.

Arnold Bouka est très populaire au sein du public congolais, pour son énorme énergie qu il déploie lors des matchs.

C’est exactement l’expérience que Pierre Lechantre essaie d’établir avec une sélection composée en majorité des joueurs évoluant en Afrique. En Ouganda, le Congo devrait évoluer dans un 5-3-2 qu’il a un peu du mal à maîtriser, surtout au niveau des défenseurs. C’est un système intéressant qui peut rapidement se transformer en 3-5-2, comme Lechantre l’avait bien réussi avec le Cameroun en remportant la Can 2000 ou encore Franz Beckenbauer en 1990 avec la sélection allemande. La difficulté pour le Congo de maîtriser ce système de jeu vient du fait du manque d’expérience et de la culture tactique des défenseurs. 

Par exemple, au centre de la défense Carof Bakoua semble complètement perdu dans le marquage et ne sait pas ce qu’il fait dans le jeu. Au niveau des arrières latéraux c’est Marvin Baudry qui n’assure pas correctement la transition du jeu au moment de transformer le 5-3-2 en 3-5-2.
Il est nécessaire que Marvin Baudry soit plus agressif sur le secteur droit de la relance du ballon des Diables Rouges.

Dans l’entre-jeu, les relayeurs Kestel Tsiba et Fabrice Ondama n’apportent pas la percussion nécessaire pour ouvrir le jeu sur les ailes. Bifouma et Doré sont donc obligés de redescendre très bas pour chercher le ballon. Quand les Congolais récupèrent le ballon, bien souvent il n’y a personne devant pour lancer des contre-attaques rapides.

L’idéal serait de titulariser Delarge Dzon et Dua Ankira afin de renforcer une pression de ballon très haut ; ce qui fera en sorte que lorsque le ballon est récupéré, l’on ne devrait plus parcourir des longues distances pour attaquer la surface de réparation ougandaise.


En tout cas, peu importe la stratégie voulue par Pierre Lechantre, ce dernier est bien conscient qu’il est sur la pente très raide. A Brazzaville, l’on peut compter des doigts les personnes qui croient encore en ses capacités de renverser la situation dans ce groupe très difficile. Mais bon, il n’ y a pas de fatalité pour celui qui veut bien oser.

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