Le Gabon n’est pas le seul pays à connaitre la terreur des
crimes rituels. Depuis 2009, des crimes odieux sont perpétrés de manière isolée
dans le département de la Sangha (Nord-Ouest du Congo). Il s’agit de
crimes rituels en série, dont le premier a eu lieu en 2009 dans la localité de
Pokola. Une enquête de police, a permis d’interpeller au moins six personnes,
dont le maire de Ouesso, Siméon Mobondé, arrêté le mercredi 22 mai
dernier à Pointe-Noire. Il s’y serait rendu pour se cacher après avoir appris
qu’une délégation conduite par le Général Ndenguet arrivait de Brazzaville.
C’est vraiment à partir de 2011 que ce phénomène a pris de l’ampleur
dans la ville de Ouesso, chef-lieu du département de la Sangha avec environ 40
000 habitants, qui connaît un climat de terreur, du fait des assassinats en série
perpétrés par ce réseau de bandits appelés localement « kata kata » (couper couper).On dénombre une douzaine de victimes et plusieurs personnes disparues. Les corps des
victimes sont dépossédés de leurs organes génitaux et du sang fraichement
coulé.
Les assassins procédaient toujours par le même mode
opératoire. Ils ciblaient particulièrement les femmes allant seules au champ. Ils
attaquaient toujours avec la machette. Les populations étaient en colère contre
les autorités locales, accusées de laxisme et voir de complicité devant ce
phénomène de criminalité, qui vise à sacrifier des organes humains pour
garantir des bons postes gouvernementaux aux hommes politiques. Ils n’avaient
pas tort d’y croire avec l’arrestation du maire de la ville. Un climat de
terreur s’est emparé dans la ville. Conséquence: les femmes ne s’aventuraient
plus seules, au champ ou même en dehors de la commune. La nuit, il fallait
éviter d’être seul. On compte au moins une dizaine de victimes, dont trois
grièvement blessés, ayant échappé à leurs agresseurs.
Siméon Mobondé, maire de Ouesso et supposé commanditaire de ces crimes rituels |
C’est dans un contexte social tendu, à Ouesso, que la
direction générale de la police a pris l’affaire en main. Le premier bandit a
été appréhendé par une embuscade tendue par un agent des forces de l’ordre.
Celui-ci a piégé les bandits avec sa femme, qu’il a laissé partir seule au
champ, pendant qu’il se cachait et se tenait tout près. Au moment où un bandit
a surgit pour attaquer la femme, l’agent est sorti de sa cachette puis a
tiré sur le bandit qui tentait de s'enfuir. Ce dernier, transféré à l’hôpital
militaire de Brazzaville pour les soins, se trouve entre les mains de la police,
avec cinq autres suspects dont un autochtone particulièrement violent (pygmée).
Les bandits "kata kata" arrêtés. |
Cette affaire des crimes rituels est en train de faire rage
au Gabon et au Cameroun voisins. Au Gabon, la police a saisi des glacières dont
le contenu serait destiné à approvisionner l'écœurant trafic des organes. Le
pire c’est que ce trafic n'est pas destiné à quelque malade en attente de
greffe : les organes (langues, yeux, cœurs, oreilles et sexes...) servent à
élaborer des fétiches et, même s'il est impossible de le prouver, la rue
gabonaise est aussi convaincue que les instigateurs de ce commerce macabre sont
issus du cercle du pouvoir.
Une victime des crimes rituels au Gabon |
Tous ces maux font partie de ce que nous décrions dans nos
pays de l’Afrique centrale : la confiscation de pouvoir par des petits clans
(Nguesso au Congo; Bongo au Gabon et Biya au Cameroun). Les régimes dépostes
instaurés dans ces pays, qui ne favorisent pas l’avancement et la compétence,
contribuent à créer des malaises et des climats sociaux propices à des dérives
humaines comme ce genre de fléau.
Tout ce qui est crime est punissable. La justice doit faire son boulot, et dire le droit, dans toute sa rigueur.
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