mardi 21 mai 2013

Football congolais : Comment améliorer la technique de dribble des joueurs ?



J’ai ouvert ce sujet pour relancer le débat sur cette problématique qui est un frein pour le football congolais. C’est une problématique parce que l’un des nombreux échecs des Diables-Rouges et des clubs congolais tire sa cause dans le manque de spontanéité des joueurs (locaux et professionnels). Le jeu collectif c’est bon, mais à certains moments critiques d’un match il faut pouvoir compter sur des joueurs qui peuvent faire la différence tout seul.

Sur le plan des joueurs de la diaspora, seul Chris Malonga(Lausanne, Suisse) fait l’exception qui confirme la règle. Fabrice Ondama(WAC) aussi peut faire mieux que ça s’il ne joue pas crispé. Christopher Samba, malgré son grand gabarit, décèle quelques qualités techniques fines. Après ça c’est la galère.
Le gaucher Chris Malonga est l'un des rares dribbleurs du football congolais
Au niveau du football local, c’est la galère. Il n’y a pas un seul joueur qui possède le sens du dribble comme l’on trouve ailleurs. Junior Mankiessé(AC Léopard) et Kounkou Moïse(ex-CNFF) sont des bons feinteurs, mais pas assez pour représenter un danger avec l’arme du dribble. Alors, comment peut-on faire pour former des fins dribleurs et feinteurs comme on en trouve en abondance chez nos voisins de la RDC, en Côte d’Ivoire ou en Guinée?

Nous allons essayer de proposer ici des solutions formelles mais pas exhaustives. Premièrement, si un footballeur désire améliorer sa technique de dribble, il est nécessaire de comprendre que le ballon doit devenir comme une extension de son corps. Et le seul moyen d'y parvenir, c'est de passer beaucoup de temps en sa compagnie. Voici quelques conseils pour les plus jeunes footballeurs, qui s’accompagnent des remarques sur quelques footballeurs congolais que j’ai vus.

1 La vitesse. Un bon dribbleur doit aller vite avec le ballon, afin de ne pas être prévisible dans ses gestes. Quand on pousse le ballon à grande vitesse, on a beaucoup plus de chances d’éliminer son vis à vis. Hors ce qui se passe avec les joueurs des Diables-Rouges, c’est qu’ils endorment le jeu en permanence. Ils hésitent avant d’exécuter un geste technique, combiné à la peur de mal faire, ils deviennent vite prévisibles dans leur control de balle (Malonga Chris, Fodé Doré, Prince Oniangue et Delvin Ndinga).


Fabrice Ondama(en blanc) peut dribbler lorsqu'il est en confiance.
2 La touche légère du ballon. La vitesse c’est précieux dans le dribble, mais lorsqu’on court vite, il faut toucher le ballon légèrement afin de le garder près de soi. Ceci vous permet de toujours enchaîner par un autre mouvement si le rival a bien anticipé le premier mouvement. Combien de fois ai-je vu les cadets congolais (CAN U17 2013) perdre le ballon tout seul en pleine course (Kader Bidimbou et Constantin Bakaki). Le rival n’est même pas encore arrivé à la bonne distance, on pousse déjà le ballon trop fort.
L’ancienne gloire danoise, Elkjær-Larsen, savait exploiter sa vitesse pour réussir ses feintes.
3 La couverture de balle. Voilà un gros problème avec les footballeurs congolais (Lys Mouithys, Douniama, Delvin Ndinga, Fabrice Ondama, Boukama-Kaya…) et chez les plus jeunes (Epako, Obassi, Kounkou Moïse, Bidimbou etc.). Le secret d’un dribble réussi c’est de savoir cacher le ballon, sinon le rival va le soutirer. Pour les gauchers, la protection de balle est un peu difficile, parce qu’ils n’utilisent presque pas le pied faible (Un problème récurrent avec Lys Mouithys). Mais les droitiers devraient s’entraîner à améliorer le pied faible: ceci leur donnera encore plus de latitude dans les mouvements de dribble. Un joueur habile avec les deux pieds, qui sait faire des feintes de corps, est pratiquement intenable.

4 Le Coup de rein du génie. Reportez-vous au troisième but du Bayern, marqué par Robben contre le Barça(4-0 à Munich), lorsqu’il a éliminé le défenseur Jordi Alba avec une pédale. Changer souvent de rythme, c'est la clé pour un bon dribbleur: ainsi vos adversaires ne sauront trop comment se positionner lorsque vous serez en face d'eux. Il faut endormir le défenseur en alternant entre séquences d'accélération et séquences plus lentes, puis le mâter avec un coup de reins sec.
Neymar du Brésil est un "AS" de la feinte
Ah que c'est lamentable de constater que le footballeur congolais a perdu son coup de rein d’antan!

On a vu plusieurs fois Ladislas Douniama ou Fabrice Nguessi aux prises avec un rival et perdre facilement le ballon, parce que ne sait plus quoi faire le ballon. Une partie de ces faiblesses vient du fait que tout le staff technique local congolais est constitué d’anciens défenseurs internationaux. Ebomoa Daniel(DTN), Ngatsono Bartelemy, Tchiangana Gaston, Henri Endzanga, Nguedi(ex-gardien de but), Mankou Eloi…C’est tous des anciens défenseurs. Même chose avec les techniciens étrangers que nous avons eu (Ivica Todorov, JG Wallemme, Eddie Hudansky…).
C'est un grand problème parce que l'on ne peut pas enseigner ce que l’on n’a jamais maitrisé. Surtout lorsqu'on se rappelle le style pêle-mêle de nos anciens défenseurs des années 70-80, ce n'est pas trop captivant pour les jeunes joueurs de développer leurs techniques de balle. A tout seigneur, tout honneur. Un ancien défenseur ne peut pas être un meilleur mentor pour un jeune milieu créateur.

Il faudrait que Jean Michel Mbono, qui fut un grand avant-centre, songe à corriger cette défaillance technique. Nous avons des anciens techniciens comme Bakekolo Kwakara, Mokassa Lassivo, Ange Ngapy qui peuvent beaucoup apporter dans la formation et l’encadrement technique des footballeurs congolais. Il faut les incorporer dans le staff technique pour relever le niveau de nos équipes.

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